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Au Liban, les appels au changement politique se font timidement entendre

Au Liban, les appels au changement politique se font timidement entendre

Au Liban, le énième discours guerrier de Benyamin Netanyahou a été perçu « comme une alternative désastreuse entre une guerre civile ou des bombardements qui transformeraient le Liban en Gaza »souligne le politologue Karim Bitar. Il existe un risque de prolongation de cette guerre et de sa transformation en rivalités internes sur la scène libanaise.» D’autant plus que «Le comportement du Hezbollah au cours des quinze dernières années a conduit à l’aliénation d’une partie importante de la communauté sunnite et chrétienne.»

Dans une vidéo aux allures d’ultimatum, lancée le 8 octobre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé les Libanais (en anglais) de savoir « Destruction et souffrance comme ce que nous voyons à Gaza »leur enjoignant, d’éviter cela, de  » libérer (leur) Pays du Hezbollah ». Le même jour, l’ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid publiait un article dans L’économiste appelant à la « reconstitution de l’Armée du Sud Liban »une milice armée à majorité chrétienne alliée à Israël et formée en 1976 par des soldats ayant fait défection de l’armée libanaise, jusqu’à sa dissolution en 2000, lors du retrait d’Israël du sud du Liban. Ces déclarations interviennent alors que l’armée israélienne continue de bombarder massivement le sud du Liban et la Bekaa, étendant ses frappes à d’autres régions jusqu’alors épargnées, ainsi qu’au centre de Beyrouth, jeudi 10 octobre.

Appel à « se réapproprier l’État »

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il soutenait les efforts du Liban pour « s’affirmer » face au Hezbollah en guerre avec Israël. Un appel clairement entendu par les opposants au mouvement chiite, silencieux ces dernières semaines. Samedi 12 octobre, le chef du parti chrétien des Forces Libanaises, Samir Geagea, a appelé « se réapproprier l’État »en élisant un président « qui respecte la Constitution ». Il a également demandé qu’il y ait « plus d’armes en dehors de celles de l’Etat »via l’application de la résolution 1559 des Nations Unies adoptée en 2004, qui appelle au désarmement des milices libanaises et non libanaises. Le Hezbollah n’a jamais obéi.

La veille, le porte-parole du Hezbollah, Mohammad Afif Naboulsi, avait prévenu les critiques du mouvement chiite qu’il « beaucoup trop tôt pour parler de capitalisation politique »s’assurer que « la bataille avec Israël ne faisait que commencer ». « Nous ne sommes plus en 1982, lorsque les chars israéliens sont arrivés à Beyrouth et ont changé l’équation politique du pays. » » a-t-il déclaré, faisant allusion à l’élection de Béchir Gemayel à la présidence libanaise cette année-là (avant d’être assassiné deux semaines plus tard), défiant ceux qui voudraient profiter de l’affaiblissement du Hezbollah pour combattre à nouveau les cartes sur la scène interne.

« On assiste à une remobilisation de certains pour réclamer un sursaut collectif, un retour à l’Etat et aux institutions, une application des résolutions internationales ».souligne Karim Bitar. Il existe parmi la plupart des Libanais une volonté de tourner la page et de ne pas relancer un establishment corrompu après cette guerre. » Et d’ajouter :« Il faudra être très prudent pour que cette construction de l’Etat ne se fasse pas sur de mauvaises bases, pour qu’aucune communauté ne se sente humiliée et que personne n’ait le sentiment que certains sont en train d’exploiter les frappes israéliennes contre le Hezbollah pour marquer des points politiques. »

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