Les grèves se multiplient contre les sauveteurs, plus de 150 d’entre eux sont déjà morts.
Publié
Temps de lecture : 3min
Au Liban, la guerre progresse et le bilan s’alourdit. Pour venir en aide aux milliers de blessés du conflit, le pays en faillite ne peut compter que sur les sauveteurs de la Défense civile libanaise. Les ambulanciers paramédicaux sont souvent directement visés par l’armée israélienne lors des opérations de sauvetage. Une situation dénoncée par les autorités libanaises et de nombreuses ONG comme Human Rights Watch.
Mohammad Araqdan est le chef de la Défense civile de Saïda, au sud du Liban. A proximité de la voie rapide, lui et ses hommes, l’air épuisés, passent leur journée à moins d’un mètre de leurs ambulances. « Dans ces registres, nous avons l’historique de toutes nos opérations et de celles que nous avons secourues »explique le sauveteur. La page d’aujourd’hui du petit carnet est déjà remplie.
Derrière les hommes, une ambulance vient d’être amenée sur le bord de la route. La carrosserie est complètement froissée, et les vitres cassées. « Un de nos gars rejoignait des camarades qui étaient partis éteindre un incendie. Sur la route, il a été pris pour cible, il n’y avait rien autour, et le missile est tombé à côté de lui, puis il a eu un accident. Israël ne veut pas que nous soyons capables d’aider les gens, que nous allions chercher à vivre des décombres », assure Mohammad Araqdan. Le sauveteur en question a survécu. Mais depuis le début de la guerre, il y en a plus de 160 sauveteurs tués en opération.
Dans la région de Sarafand, les ambulances opèrent dans le silence d’un environnement pesant, où, ici et là, des maisons entières ont été détruites. A l’hôpital Alaeddine, les ambulances viennent d’amener Reda, un sexagénaire sous le choc après avoir vu son frère et sa famille mourir dans le bombardement d’un village voisin : « Son fils avait 5 ans, ce n’est pas normal… Ils tuent nos enfants, détruisent tout sur leur passage. »
Des avions israéliens survolent toujours la zone. Dans la plupart des hôpitaux, les hommes de la Protection Civile s’entassent sur des matelas au rez-de-chaussée, prêts à repartir à toute heure du jour ou de la nuit. Ce soir-là, Ali montre sur son téléphone le coup qui a failli le tuer lors d’une opération de sauvetage. Son chef Bassam est sur place, il a vu un de ses hommes mourir il y a quelques jours lors d’un sauvetage. « Ils étaient partis sauver les femmes et leurs enfants sous les décombres, dit-il. Regardez nos ambulances, que voyez-vous ? Civières, gants, bandages…. Et c’est tout. »
« Personne n’a jamais pu apporter la preuve que nous transportions autre chose, car en réalité il n’y a rien d’autre que du matériel médical. »
Bassam, à la tête d’une équipe de sauveteurs libanaissur franceinfo
Alors que les grèves se multiplient contre les ambulanciers, 55 Des hôpitaux auraient également été endommagés ou mis hors service par les bombardements israéliens. Une escalade que les autorités libanaises n’hésitent pas à qualifier de crimes de guerre.
Des ambulanciers paramédicaux ciblés au Liban : reportage d’Arthur Sarradin