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Au Kenya, la police tire des gaz lacrymogènes sur des manifestants et des journalistes à Nairobi

Un manifestant se met à l'abri et un autre s'enfuit après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes lors d'une manifestation antigouvernementale contre les hausses d'impôts, la mauvaise gouvernance, les violations constitutionnelles, les exécutions extrajudiciaires et le coût de la vie, à Nairobi, au Kenya, le 8 août 2024.

La police kenyane a tiré des gaz lacrymogènes jeudi 8 août dans le centre de Nairobi, blessant des journalistes, pour disperser des petits groupes de manifestants qui s’étaient à nouveau rassemblés pour dénoncer la politique du gouvernement de William Ruto. La police a indiqué avoir arrêté 174 « suspects » à Nairobi et dans deux régions du pays.

Plus tôt dans la matinée, la police s’était déployée en force dans les rues de la capitale, dressant des barrages routiers sur ses principales artères. « Nous sommes pacifiques »De petits groupes de manifestants se sont rassemblés dans le quartier des affaires, épicentre des précédents rassemblements, où de nombreux magasins sont restés fermés, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

La police a tiré des gaz lacrymogènes à plusieurs reprises, blessant plusieurs journalistes, dont deux de l’AFP. « Il est totalement inacceptable de cibler des journalistes qui font leur travail. Dans le cas des employés de l’AFP, ils étaient tous deux clairement identifiables comme journalistes. »a déclaré le directeur de l’information de l’agence, Phil Chetwynd.

« Impunité totale »

Une organisation de journalistes au Kenya a affirmé que certains policiers ciblaient directement les représentants des médias et a dénoncé les « Attaques violentes contre des journalistes »Selon l’Association de la presse internationale d’Afrique de l’Est, au moins trois journalistes ont été pris pour cible. « à bout portant » par des grenades lacrymogènes.

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L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a déclaré que « actes de violence » ont été commis et dénonce une « une brutalité perpétrée en toute impunité » par la police contre des journalistes kenyans couvrant les manifestations.

Selon RSF, qui a également annoncé dans un communiqué avoir contacté la police, depuis le début des manifestations anti-gouvernementales, les journalistes kenyans souffrent « balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires » Et « pressions ».

« Nous avons constaté que la police kenyane avait clairement commis des actes de violence contre les journalistes pour les empêcher de travailler, et avait également exercé des pressions pour que leurs méfaits restent sous silence. »a accusé l’ONG.

Le Kenya, moteur économique de l’Afrique de l’Est, est secoué depuis juin par des manifestations menées par la « Génération Z » » (jeunes nés après 1997) contre le président William Ruto, arrivé au pouvoir il y a deux ans, et sa politique économique. Des affiches partagées en ligne ont appelé à de nouvelles manifestations, baptisées « Nane Nane » (« huit huit », (en swahili) pour signifier la date du 8 août.

Recours excessif à la force

Les manifestations initialement pacifiques ont dégénéré en violences le 25 juin, lorsque les manifestants sont entrés dans le bâtiment du Parlement. La police a tiré à balles réelles. Selon des groupes de défense des droits de l’homme, au moins 60 personnes ont été tuées depuis juin et des dizaines d’autres sont portées disparues. La police a été accusée d’avoir fait un usage excessif de la force.

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En réponse à la crise la plus grave depuis son arrivée au pouvoir, William Ruto a pris une série de mesures. Il a notamment retiré le projet de budget controversé qui prévoyait de nombreuses nouvelles taxes, et limogé la quasi-totalité de son gouvernement. Mais le chef de l’Etat, qui a ensuite fait entrer quatre membres de l’opposition, a été critiqué pour avoir ensuite conservé plusieurs poids lourds dans son gouvernement.

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M. Ruto a assisté jeudi à la prestation de serment de son nouveau gouvernement. « Nous sommes au début d’un nouveau chapitre dans la gouvernance et le développement de notre pays »Le chef de l’Etat est pris en étau entre les bailleurs de fonds internationaux qui le pressent de trouver des recettes pour rembourser une dette nationale qui culmine à 78 milliards de dollars et la population, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.

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Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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