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Au Japon, un condamné à mort est innocenté après 46 ans dans le couloir de la mort

Au Japon, un condamné à mort est innocenté après 46 ans dans le couloir de la mort
Iwao Hakamada, vu ici en 2020, a été disculpé d'un quadruple meurtre dont il avait été reconnu coupable en 1968.
Kyodo via Reuters Connect Iwao Hakamada, vu ici en 2020, a été disculpé d’un quadruple meurtre dont il avait été reconnu coupable en 1968.

Kyodo via Reuters Connect

Iwao Hakamada, vu ici en 2020, a été disculpé d’un quadruple meurtre dont il avait été reconnu coupable en 1968.

JAPON – Un demi-siècle plus tard. Iwao Hakamada, un Japonais de 88 ans, a été reconnu innocent jeudi du quadruple meurtre pour lequel il avait été condamné à mort en 1968 et qui lui a valu 46 ans de détention dans le couloir de la mort. Quelques minutes seulement après le verdict du nouveau procès de cette affaire hors norme, le vieil homme a été filmé par les médias japonais en train de quitter son domicile.

L’affaire, qui a débuté en 1966, est un symbole pour les partisans de l’abolition de la peine de mort au Japon, qui sont moins nombreux dans l’archipel selon les sondages que ceux qui y sont favorables.

Physiquement et mentalement affaibli par près de cinq décennies d’attente avant d’être exécuté, le condamné à mort le plus ancien du monde n’a pas assisté à l’audience à Shizuoka, non loin de chez lui. Vêtu d’un gilet sans manches sur une chemise claire et d’un chapeau, Hakamada a descendu quelques marches, soutenu par une femme, avant de monter dans une voiture. Les médias locaux ont rapporté que ses proches avaient veillé à ce qu’il ne regarde pas la télévision pendant le verdict.

Des aveux extorqués sous la contrainte

D’après sa sœur, il vit « maintenant dans un monde imaginaire et ses mots n’ont aucun sens » Après avoir passé près de cinq décennies dans le couloir de la mort, souvent en isolement, où chaque jour pourrait être le dernier. Car au Japon, les condamnés à mort sont souvent informés au tout dernier moment de leur exécution par pendaison, la seule méthode autorisée dans l’archipel, qui compte un peu plus de 100 condamnés à mort dans ses prisons.

Ancien boxeur devenu employé dans une entreprise de fabrication de miso (soja fermenté), Iwao Hakamada avait été accusé d’avoir assassiné son patron et trois membres de sa famille en 1966 et condamné à mort deux ans plus tard. Mais le juge a finalement jeté de sérieux doutes sur l’enquête. « Le tribunal a conclu que trois éléments de preuve avaient été fabriqués, suggérant que l’accusé était l’auteur du crime. En excluant ces éléments de preuve, les autres éléments de preuve contre lui ne sont pas suffisants pour établir » sa culpabilité, a déclaré le juge.

Il a également décrit les interrogatoires « inhumain » visant à infliger une « douleur physique et mentale » et à « faire des déclarations sous la contrainte »Une thèse que ses avocats ont toujours soutenue. S’il a d’abord reconnu les faits, il s’est finalement rétracté, invoquant les méthodes d’interrogatoire.

Le risque d’un appel des procureurs

Sa condamnation à mort a cependant été confirmée en 1980. En 2014, un tribunal a reconnu des doutes sur sa culpabilité après que des analyses ont montré que l’ADN retrouvé sur des vêtements ensanglantés ne correspondait pas au sien. Après cet épisode, Iwap Hakamada a été libéré, mais ce n’est qu’en 2020 que la Cour suprême a autorisé son rejugement. Et c’est donc le verdict de ce nouveau procès qui a été annoncé ce jeudi.

« Lorsque le tribunal a déclaré l’accusé non coupable, cela m’a semblé divin. J’étais tellement émue et heureuse de l’entendre que je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Mais c’étaient des larmes de joie. »a déclaré Hideko Hakamada, sa sœur, lors d’une conférence de presse en fin de journée avec ses avocats.

Ce verdict d’innocence très rare a également ravi ses partisans, qui se sont rassemblés devant le tribunal dès le début de la journée avec des T-shirts et des banderoles de soutien. « Le verdict était celui que nous attendions. Notre prochaine action est d’exiger que les procureurs ne fassent pas appel. »a déclaré Akiko Abe, une Japonaise de 64 ans, craignant que le parquet, qui a jusqu’au 10 octobre pour répondre, n’utilise ce droit.

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