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Au Grand Palais éphémère, la foire Art Paris monte encore en gamme

Au Grand Palais éphémère, la foire Art Paris monte encore en gamme
Œuvres de Katia Kameli, sur le stand de la galerie Véronique Rieffel, à Art Paris, au Grand Palais éphémère, le 3 avril 2024.

Immense, brillant. Impossible de rater le Bouddha de Yan Pei-Ming sur le stand Rodolphe Janssen. Le marchand bruxellois réclame 300.000 euros, soit six fois plus que le prix payé en 2002, à la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), par un amateur français. En vingt-deux ans, le peintre franco-chinois, qui séduit aussi bien François Pinault que Bernard Arnault, a parcouru du chemin. La foire Art Paris aussi. Sans perdre son ADN, ce rendez-vous a gagné en confiance, à tel point que les marchands n’hésitent plus à y accrocher des œuvres répertoriées. A juste titre : la galerie Kaléidoscope a trouvé preneur pour le bouleversant Classe Enfant des Morts de Tadeusz Kantor, proposé aux alentours de 500 000 euros.

Il y avait une place à prendre depuis la disparition de la FIAC en 2022. Sans s’épuiser à concurrencer Paris+ à travers Art Basel, Art Paris se veut ouvert mais ancré. « Nous représentons la voix française, qui n’est pas une voix chauvine »insiste son directeur, Guillaume Piens.

Les exposants français peuvent y défendre les artistes locaux, sans craindre de paraître français. Les enseignes régionales, comme Oniris (Rennes) ou Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes), n’ont pas à s’excuser de ne pas avoir d’antennes à Londres ou à Shanghai. Et, le jour de l’ouverture, les cartes VIP sont accessibles à tous les collectionneurs sérieux, sans qu’ils aient besoin de justifier de plusieurs millions d’euros d’achats comme la « individus à valeur nette élevée »ces ultra-riches courtisés à Miami, Bâle ou Hong Kong.

« Ralentissez le regard »

Le nouveau millésime, inauguré mercredi 3 avril par la visite de la ministre de la Culture, Rachida Dati, accueille pour la première fois Peter Kilchmann et Esther Schipper, deux galeristes berlinois renommés, également deux habitués d’Art Basel, qui sont dupliqués dans Paris pour présenter un choix avant-gardiste. Entre deux averses, les visiteurs peuvent aussi retrouver Michel Rein, vétéran de la scène française, jusqu’ici réticent. « C’est le bon moment, car Art Paris est la vitrine d’une ville redevenue attractive »confie le marchand, qui a sorti pour sa première participation les dessins raffinés de Michele Ciacciofera et les peintures savantes d’Agnès Thurnauer.

Afin de faire découvrir au public, une déambulation sur la scène française a été composée par l’historien de l’art Eric de Chassey, sous le titre « Utopies fragiles ». « Le moment est venu de ralentir notre regard », dit le président de l’Institut national d’histoire de l’art, en nous conseillant de nous tourner vers les créateurs qui ont été négligés parce qu’ils n’appartiennent pas au catalogue des standards de l’art contemporain. Le charme d’Art Paris est justement de mettre en valeur le travail unique d’Alice Bidault, 30 ans, permacultrice, apicultrice et artiste basée dans le Morvan. Sa porcelaine estampillée d’un épi de maïs issu de ses récoltes est présentée par le galeriste Pietro Sparta, lui-même établi de longue date à Chagny (Saône-et-Loire).

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