Au goalball, un sport que vous ne verrez qu’aux Paras, le silence est roi.
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Le terrain de goalball des Jeux Paralympiques, à l’Arena Paris Sud 6, le 19 août 2024.
JEUX PARALYMPIQUES – A Paris, la phase de transition entre les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques bat son plein sur les sites de compétition. Le HuffPost a pu le constater lors d’une visite organisée pour la presse lundi 19 août à la Porte de Versailles.
À peu près entre la fin des Jeux olympiques et le début des premières épreuves paralympiques, le 29 août, l’Arena Paris Sud 6, qui a accueilli la phase de poules des tournois de handball puis les épreuves d’haltérophilie, a déjà quasiment achevé sa transition vers le goalball, un sport qui n’a pas d’équivalent olympique.
Un sport conçu pour les malvoyants et les aveugles
Inventé en 1946 pour les vétérans de la Seconde Guerre mondiale ayant perdu la vue, ce sport, qui reprend des idées du handball, du water-polo et du dodgeball, a fait son apparition aux Jeux paralympiques en 1976 pour les hommes, puis en 1984 pour les femmes.
Sport collectif spécialement conçu pour les aveugles et malvoyants (moins de 1/10e de l’acuité visuelle), sans catégorie de handicap, le goalball se joue sur un terrain de 18 mètres de long. Deux buts occupent toute la largeur, 9 m, pour une hauteur de 1,3 m. L’objectif pour les deux équipes de trois joueurs sur le terrain, tous munis de bandeaux : marquer le plus de buts possible à la main, pendant les deux périodes de 12 minutes. Le chronomètre s’arrête à chaque arrêt de jeu (but, sortie de balle, changement de joueur, etc.), de sorte qu’un match dure généralement environ une heure.
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Le ballon utilisé pour le goalball pèse 1,250 kg.
L’élément principal de ce sport est une balle ressemblant vaguement à un ballon de basket, pesant 1,250 kg et dans laquelle se trouvent deux cloches. Le bruit est en fait le seul moyen pour les deux équipes de tenter d’arrêter cette balle, qui peut atteindre une vitesse de 60 km/h sur certains tirs. Toutes les lignes sont également renforcées par de la ficelle afin que les joueurs aient des repères spatiaux sur le terrain par le toucher.
Rideaux et tapis acoustiques dans les allées
Vous l’aurez compris, dans ce sport, le silence est roi pendant le jeu. Pour les 5 000 spectateurs potentiels (la capacité maximale du site), donc, fini les ambiances survoltées connues ici trois semaines plus tôt lors des matchs de handball. « Il y aura beaucoup de communication avec les spectateurs pour leur dire de rester silencieux et de ne pas bouger pendant que le ballon est en jeu. »explique Leïla Garga, responsable de la transition du site. Une attaque peut également être rejouée en cas de bruit trop important dans les tribunes, à la discrétion de l’arbitre.
« Il y a également deux terrains d’entraînement avec un rideau acoustique pour isoler les athlètes pendant leur échauffement, et des tapis installés dans les allées pour que le son ne résonne pas »Le manager ajoute. Bien entendu, les spectateurs pourront applaudir et célébrer chaque but marqué, puisque le chronomètre sera arrêté.
Pour marquer, les joueurs en phase offensive ne peuvent que faire rouler le ballon au sol ou le faire rebondir, ce qui doit se faire dans leur moitié de terrain, puis dans la zone neutre de 6 m de long au centre du terrain. Il est cependant interdit de lancer le ballon directement en hauteur vers le but adverse, sans qu’il ne touche le sol. Une telle action est passible d’un penalty, avec un seul défenseur pour l’arrêter (voir la vidéo ci-dessous).
Côté défensif, les trois joueurs doivent se coordonner pour tenter d’arrêter le ballon avec n’importe quelle partie du corps. Le plus souvent, ils sont obligés de se coucher ou de se jeter avec leur corps déployé pour couvrir au maximum l’impressionnante largeur du but.
« C’est comme faire des burpees pendant une heure. »
« Il y a beaucoup de mouvement, beaucoup de stratégies pour déplacer les joueurs, beaucoup de stratégies pour cacher le bruit du ballon. »explique Alexandre Dias, coordinateur de la zone de compétition de goalball pour Paris-2024. « Ce n’est pas seulement un jeu de brutes où l’on tire et où l’on voit si ça rentre ou pas. C’est toujours un jeu rapide, car dès que le ballon vous touche en position défensive, vous avez alors dix secondes pour tirer et le ballon passe devant le milieu de terrain. »
Parmi les autres spécificités de ce sport atypique, le match est automatiquement arrêté dès qu’il y a dix buts d’écart, ce qui arrive rarement, il faut l’avouer. Des matchs nuls sont possibles en phase de poules, mais ils sont prolongés par une prolongation de deux fois 3 minutes avec un but en or en phase éliminatoire, qui peut être suivie d’une éventuelle séance de tirs au but en guise de tie-break final.
En général, entre dix et quinze buts sont marqués par match. Et si les débuts de matchs restent souvent serrés, le score finit presque toujours par s’arranger, l’effort particulièrement physique n’y étant pas étranger. « C’est un sport assez fatiguant »soutient Alexandre Dias. « On ne le croirait pas, mais cela demande beaucoup de force physique, d’endurance, parce qu’on se lève, on s’assoit, on se lève, on s’assoit… C’est comme faire des burpees pendant une heure. »
Pour voir ce sport insolite, rendez-vous à l’Arena Paris Sud 6 entre le 29 août et le 5 septembre. Des billets entre 15 et 30 euros sont toujours en vente pour toutes les séances (matin, début d’après-midi, fin d’après-midi/début de soirée), qui durent environ trois heures à chaque fois pour deux matchs, un pour les femmes et un pour les hommes.
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