Au Gabon, lancement du dialogue national pour préparer les élections post-coup d’Etat
Sept mois après le coup d’État militaire qui a mis fin à cinquante-cinq ans de « Dynastie Bongo »Le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, lance mardi 2 avril un dialogue national inclusif d’un mois, censé préparer les élections de 2025.
Le respect, jusqu’à présent, d’un calendrier de deux ans pour rendre le pouvoir aux civils est salué par la communauté internationale et par une large majorité des Gabonais, pour qui le président de transition Oligui est un « héros » qui les a sauvés d’un régime « corrompu ». Mais des voix s’élèvent pour critiquer un dialogue « entre vous » ce qui ouvrira une voie royale au général vers la présidentielle.
La cérémonie d’ouverture de ce « consultation de toutes les forces vives de la nation » doit avoir lieu au Palais des sports, au centre de Libreville, mais le travail des 580 participants nommés par M. Oligui débutera mercredi au Stade de l’Amitié sinogabonaise, à Angondjé, dans la banlieue de la capitale.
Ces dernières semaines, les appels au report du dialogue ont été quasi quotidiens dans la presse indépendante et dans la petite frange de l’ancienne opposition qui n’a pas rejoint le pouvoir militaire.
Organisation « unilatérale »
En cause, en premier lieu, une organisation « unilatéral » et la place de choix, parmi les 580 participants, accordée aux institutions militaires et de transition désignées par le chef de l’Etat : gouvernement, députés, sénateurs, certains conseils municipaux et départementaux, etc.
Si l’on inclut les 104 militaires nommés par le général Oligui, plus de 300 participants sont de facto des administrations et institutions désignées par les autorités militaires de transition et jugées favorables à celles-ci. Dans lequel se sont maintenus de nombreux dirigeants des régimes d’Omar Bongo, président pendant quarante et un ans, et de son fils Ali, resté au pouvoir pendant plus de quatorze ans.
Ce dernier, qui a succédé à son père en 2009, a été renversé par les militaires, qui accusaient sa famille et son entourage proche d’être responsables de fraudes effrénées lors de l’élection présidentielle du 26 août et d’avoir pillé le pays par des malversations massives. fonds publics.
Le chef de l’Etat a également choisi, pour participer au dialogue, une personne parmi les quatre proposées par chacun des 104 partis légalement reconnus, dont la grande majorité a prêté allégeance au général.
Sur 580 participants, il reste 217 représentants de la société civile (patronaux, syndicats, retraités, jeunes, personnes handicapées, ONG, cultes…), tous également nommés par décret du président mais pas forcément tous dans son camp.
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Cette procédure de désignation « n’est pas respectueux de la démocratie »s’insurge Anges Kevin Nzigou, virulent opposant aux régimes Bongo et Oligui, secrétaire exécutif du Parti pour le changement (PLC), pour qui le pouvoir militaire « démontre sa volonté de contrôler le débat de bout en bout ». « Organiser un dialogue et choisir qui vient, c’est un peu comme avoir défini ce qui va être dit », ajoute Guy Pambo Mihindou, chercheur en sciences politiques à l’Université de Libreville. Les modalités de consultation des populations promises par le général Oligui, à travers un appel à contributions lancé en octobre dans les villages les plus reculés, sont également critiquées.
Résolutions non contraignantes
Selon le gouvernement, 38 000 doléances et suggestions ont été recueillies auprès des 2 millions d’habitants de ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale. Ils devaient être synthétisés pour servir de base aux travaux du dialogue, mais aucune synthèse n’a été publiée à ce jour.
Le dialogue national n’est pas « souverain »ses résolutions ne seront pas contraignantes, estiment également ses détracteurs, notamment pour la nouvelle Constitution, qui sera élaborée par les députés et sénateurs nommés par le général Oligui et soumise à référendum.
Enfin, les griefs portent sur l’avenir du chef de l’Etat : la charte de la transition édictée après le putsch interdit l’élection présidentielle de 2025 à tous les cadres des institutions de transition, à l’exception du président Oligui. Un dialogue « phagocyté » Les thuriféraires du régime militaire ne remettront pas en cause cette disposition, estiment l’opposition et les médias non gouvernementaux.