Au G7, le pape François défend le « contrôle humain » face à l’IA
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Au G7, le pape François défend le « contrôle humain » face à l’IA

Au G7, le pape François défend le « contrôle humain » face à l’IA

Un invité spécial a pris place autour de la longue table dressée au Borgo Ignazia, un hôtel de luxe dans la région des Pouilles. Au G7, club des pays les plus industrialisés du monde, le pape François a donné vendredi 14 juin une leçon magistrale sur l’un des défis majeurs de l’humanité : l’usage de l’intelligence artificielle (IA).

Parce que cette technologie, un « outil fascinant et redoutable » dont l’usage croît de façon exponentielle au fil des mois, présente, a-t-il insisté, deux facettes opposées. D’une part, il «pourrait permettre la démocratisation de l’accès au savoir»ouvrira « des progrès exponentiels dans la recherche scientifique » ou soulager les êtres humains des tâches les plus difficiles. Par contre, il pourrait creuser « une plus grande injustice entre pays riches et pays en développement »ou entre « classes sociales dominantes et classes sociales opprimées ».

« Aucune machine ne devrait choisir de prendre la vie d’un être humain »

Mais surtout, en tant que pacifiste, François s’alarmait des risques liés à l’utilisation de l’IA dans les guerres. Allant jusqu’à réclamer l’interdiction des robots tueurs. « Dans un drame comme un conflit arméil a insisté, il est urgent de repenser le développement et l’utilisation de dispositifs tels que les armes létales autonomes, afin d’en interdire l’usage. »

Avant de poursuivre, sous les yeux de dirigeants du monde entier comme Joe Biden, le président américain, mais aussi Emmanuel Macron, le président français : « Aucune machine ne devrait choisir de tuer un être humain. »

Devant les chefs d’Etat présents, dont un certain nombre de dirigeants du Sud, invités à cette séance de travail, à l’instar des présidents kenyan, brésilien et indien, François a prononcé un vibrant plaidoyer en faveur du respect des libertés humaines. « Face aux merveilles des machines, qui semblent capables de choisir de manière autonome, il faut être clair sur le fait que la décision doit toujours être laissée à l’être humain »il a insisté. « Si nous supprimions aux gens la capacité de décider par eux-mêmes et leur vie, en les condamnant à dépendre des choix des machines, nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir. »il a jugé.

« Parler de technologie, c’est parler de ce que signifie être humain »

Le Pape a encouragé la garantie d’un « un espace de contrôle humain important sur le processus de choix des programmes d’intelligence artificielle ». Les enjeux sont sérieux, prévient-il : « La dignité humaine elle-même en dépend. »

« L’utilisation de nos outils n’est pas toujours uniquement orientée vers le bien »a-t-il estimé. « En parlant de technologie, il a continué, c’est parler de ce que signifie être humain et de notre condition unique entre liberté et responsabilité, c’est-à-dire parler d’éthique. »

Dans cette assemblée des chefs d’État et de gouvernement des pays les plus puissants du monde, François, qui a déjà consacré son message pour la paix, le 1er janvier 2024, à ce sujet, est apparu comme le promoteur d’une réflexion éthique indispensable. « Il semble que nous perdions la valeur et le sens profond d’une des catégories fondamentales de l’Occident : la catégorie de la personne humaine »il s’inquiétait.

Pour un renouveau de l’action politique

« L’action politique est urgente », a-t-il souligné, appelant à une régulation de l’intelligence artificielle. Une façon de prévenir l’IA « limite la vision du monde à des réalités exprimables en chiffres et enfermées dans des catégories préconçues ». De telles limites aboutiraient, selon le Pape, à imposer « des modèles anthropologiques, socio-économiques et culturels uniformes ».

Tout au long de son discours, François s’est montré profondément préoccupé par un monde fracturé, où le pouvoir politique serait de plus en plus affaibli. C’est sans doute pourquoi il a profité de sa visite au G7 pour rencontrer une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement présents, soit tous ceux qui avaient sollicité une audience avec lui à cette occasion.

Le pape s’est par exemple entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais aussi avec l’Américain Joe Biden, le Turc Recep Tayyip Erdogan, le Canadien Justin Trudeau ou encore l’Indien Narendra Modi. Rien n’a filtré du contenu de ces brèves rencontres bilatérales.

Ce que se sont dit François et Emmanuel Macron

François a également eu un entretien avec Emmanuel Macron. Un cinquième entretien officiel entre les deux hommes. Selon nos informations, ils ont notamment discuté pendant une vingtaine de minutes de la situation en Ukraine et de la nécessité d’une trêve olympique qui, estiment le pape et le président, pourrait être l’occasion de négociations de paix.

Mais Emmanuel Macron, qui a une nouvelle fois invité François à Paris pour l’inauguration de Notre-Dame le 8 décembre, a également évoqué la situation politique française avec le pape. Avant que François évoque, à la fin de l’entretien, des questions de bioéthique. L’entrée de l’avortement dans la Constitution française en mars 2024 a provoqué un tollé au Vatican. Des sujets très éloignés de l’IA, qui fait l’objet de la session du G7, mais suivi de très près au Vatican.

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