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Au Festival d’Annecy, spiritualité et quête intérieure

Au Festival d’Annecy cette année, il ne manquait que le tapis rouge pour se sentir à Cannes. Dans le cadre sublime des bords du lac, l’événement a accueilli un nombre record de festivaliers (17 400 contre 16 000 l’an dernier) et un ballet époustouflant de grands noms du 7e art, animés ou non : Alain Chabat, Wes Anderson, Terry Gilliam. , Michel Hazanavicius, Nick Park, sont tous venus parler de projets passionnants ou tout simplement de leur amour du cinéma d’animation.

Mais la 48e édition s’est également distinguée par la qualité de sa sélection de courts et longs métrages. Un choix éclectique dominé par des films évoquant les périls du nationalisme, et notamment les persécutions qu’il déclenche : Le bien le plus précieuxun conte animé émouvant de Michel Hazanavicius sur la Shoah et les Justes, ou Papillonun récit en peinture animée du destin extraordinaire d’Alfred Nakache, le « Nageur d’Auschwitz », qui vaut à sa réalisatrice Florence Miailhe le prix André-Martin du meilleur court métrage français. Sans oublier la surprise Totto Chan. La petite fille à la fenêtrelong métrage de Shinnosuke Yakuwa, sur la dérive guerrière du Japon des années 30 vue à travers les yeux d’un enfant, récompensé par le prix Paul-Grimault.

L’Arche de Noé, sans Noé ni dialogues

Annecy 2024 a aussi été marquée par des films introspectifs. Le Cristal du long-métrage en fait partie, mais n’est pas forcément le plus convaincant. Mémoire d’un escargot, de l’Australien Adam Elliot, raconte, avec des figurines animées, les déboires d’une orpheline qui ramasse des escargots, séparée de son frère jumeau à la mort de son père, puis harcelée à l’école, mais qui finit par sortir de sa coquille grâce à un octogénaire excentrique. Raconté à la première personne et en voix off, cette lente éclosion d’un personnage pourtant attachant souffre d’un trop grand misérabilisme.

L’autre grand gagnant du palmarès, avec un nombre record de quatre prix (dont ceux du jury, du public et de la musique), est aussi une épopée intimiste, même si elle prend des allures d’odyssée mythologique, voire biblique. Couler, le chat qui n’avait plus peur de l’eaudu jeune réalisateur letton Gints Zilbalodis, est une sorte d’arche de Noé… sans Noé ni dialogue !

Dans un monde déserté par les êtres humains, les eaux montent soudain à la vitesse d’un cerf au galop, que voit s’enfuir un chat noir effrayé. Forçant sa nature hydrophobe, le félin saute à l’eau pour sauver sa peau sur un bateau qui passe. Il y cohabite tant bien que mal avec un castor placide, un chien jovial, un échassier hautain et un lémurien kleptomane. Pas d’anthropomorphisme dans cette fable photoréaliste en 3D plongeant le spectateur dans des décors naturels grandioses, mais une question existentielle aux connotations métaphysiques. Au-delà de l’instinct de survie, la petite tribu, fascinée par son reflet dans l’eau ou dans un miroir, semble s’interroger sur son destin et sa condition.

Exploration de l’âme et de la spiritualité

C’est à un autre voyage, au centre de la tête cette fois, qui invite Vice-versa 2, présenté en avant-première à Annecy avant sa sortie mercredi 19 juin. Reprenant la même recette qui a fait le succès du premier volet de cette production Pixar où s’incarnent les principales émotions (joie, tristesse, colère…) d’un jeune adolescent. par des personnages hauts en couleur, cette suite pimente les sens des personnages. ‘un soupçon d’ennui et une grosse louche d’anxiété. Cette exploration très drôle de l’âme humaine s’attaque également aux croyances de l’enfant, dont le système complexe est fondamental dans son expérience du monde.

Cette fois, abordant franchement la spiritualité, Les couleurs intérieures, un très joli film de la réalisatrice japonaise Naoko Yamada, met en scène les relations amicales entre trois lycéens qui cherchent leur voie. L’une d’elles, Totsuko, étudie dans un établissement catholique de la région de Nagasaki. Adolescente rêveuse, elle a la capacité de voir en couleurs les êtres qui l’entourent, mais cela ne l’aide pas à apaiser la confusion des sentiments propres à son âge.

« Sa foi l’aide à la façonner, agissant à la fois comme une lumière dans les ténèbres et comme un obstacle.commente le réalisateur. De ses petites culpabilités naît sa conscience de soi. » Aidée par une religieuse bienveillante, Totsuko avance lentement mais sûrement sur un chemin qui doit lui permettre de mieux se connaître, de concilier ses aspirations personnelles et ses convictions spirituelles, bref, de s’épanouir.

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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