LA CHRONIQUE – Air, Phoenix, Etienne de Crécy, Alan Brax… L’aéroport Roissy Charles de Gaulle a fêté ses 50 ans en musique, sur le toit du Terminal 1, mercredi 17 juillet.
Décollage immédiat vers les Jeux olympiques ou machine à remonter le temps vers un passé pas si lointain ? Mercredi dernier, la soirée promettait d’être chargée d’émotion : elle allait se dérouler dans un lieu incongru – le terminal 1 de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Non pas pour attendre un avion, mais pour assister à un concert, organisé sur le toit de l’aéroport pour célébrer les 50 ans du lieu, ainsi que l’arrivée en France des athlètes olympiques. Pourtant, ce ne sont pas des sportifs que l’on a vu, mais plutôt des vétérans. L’affiche assumait la nostalgie d’une autre époque, celle des années 1990 et 2000, quand la French Touch plaçait la France au centre de la carte musicale mondiale.
Le programme promettait des performances de Phoenix, Etienne de Crécy, Air et Alan Braxe et Benjamin Diamond, anciens membres de Stardust, dont la chanson La musique sonne mieux avec vous avait été le tube absolu des années 1990. A mesure que la nuit tombait sur le Terminal, la sensation de naviguer dans le temps, mais aussi dans l’obscurité, s’amplifiait. Le concert du groupe Air, récemment reformé, avait des allures de moment suspendu entre les époques : né il y a trente ans, leur musique sonne aujourd’hui comme une suite très nostalgique, proche de l’atmosphère des films des années 1970. Les entendre, c’est revoir un film de Claude Sautet.
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Moment de grâce
Le groupe a bien joué ses tubes (Kelly regarde les étoiles, garçon sexy) et a créé un moment très émouvant, le plus beau de la soirée, en faisant monter sur scène Thomas Mars avec lui. Le chanteur de Phoenix est venu interpréter le tube L’amour au terrain de jeuune chanson d’amour pour les cœurs brisés, tirée de la bande originale du film Suicides de vierges de Sofia Coppola. Un moment de grâce absolue, d’une grande rareté : Mars a chanté ce morceau sur scène avec Air pour la deuxième fois depuis sa sortie en 2000. Plus tard dans la soirée, Phoenix, au complet, a donné une prestation tourbillonnante, communiant avec le public grâce à un enthousiasme sans égal.
Même si certaines chansons semblent aujourd’hui un peu grandiloquentes, au sens du XIXe siècle du terme, c’est-à-dire un peu trop grandiloquentes, ce groupe a su garder une belle énergie, et ses musiciens ne semblent jamais vieillir, leur silhouette restant élancée, élégante, nonchalante. Les Dorian Gray de la pop française ? Au milieu de la nuit, leurs corps n’étaient plus que des silhouettes sculptées par les néons d’un aéroport sur le point de s’endormir. Et le public ? Environ 2 000 personnes, un mélange de générations, emplies de la joie non feinte du début de l’été.
Même les files d’attente interminables (une heure pour un sandwich…) n’ont pas gâché la fête, et la frénésie du public nous a fait oublier que tout cela aurait pu sonner le glas d’une génération, désormais assimilée à une autre époque. En terme de génération, il ne manquait plus que le plus grand groupe de ces années-là : le duo Daft Punk, qui s’est séparé en 2021. Mais, après tout, n’est-ce pas à cause de leur absence et de leur rareté qu’on les a toujours aimés un peu plus que les autres ? A la fin de la soirée, quand la musique s’est arrêtée, que le dernier avion a atterri et qu’il a fallu trouver un moyen de rentrer en ville, c’était la chanson de Daft Punk, Autour du mondeauquel nous avons beaucoup réfléchi, avec en tête que le marathon olympique venait juste de commencer.