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Au cœur du procès de l’affaire Stormy Daniels, un système pour étouffer tous les scandales impliquant Donald Trump

Donald Trump quitte la salle d'audience de la Cour suprême de l'État de New York, le 15 février 2024.

L’ancienne actrice porno Stormy Daniels – de son vrai nom Stephanie Clifford – est une figure clé du procès qui va s’ouvrir lundi 15 avril à New York.. Dix-huit ans après sa brève aventure sexuelle avec Donald Trump, elle va se retrouver au centre du brouhaha médiatique, qu’elle a toujours autant subi qu’entretenu.

Mais l’attention du procureur de Manhattan, le démocrate Alvin Bragg, qui met ici en jeu sa réputation et sa crédibilité, ne se porte pas sur les détails de cette affaire. Le magistrat doit prouver que le système de protection mis en place par Donald Trump contre les scandales, à l’approche de l’élection présidentielle de 2016, est pénalement répréhensible.

Inculpé de trente-quatre chefs d’accusation début avril 2023, Donald Trump fait face à un dossier riche de nombreux éléments matériels et témoignages. Le milliardaire républicain est accusé d’avoir organisé des paiements, par l’intermédiaire de son conseiller Michael Cohen, pour assurer la suppression de témoignages éventuellement embarrassants, notamment ceux de femmes ayant eu des relations sexuelles avec lui.

« Attraper et tuer »

Selon les enquêteurs, «les participants ont violé les lois électorales» et enregistré de fausses dépenses dans les comptes des différentes entités impliquées. La nature exacte des dépenses engagées, d’août 2015 à décembre 2017, a également été dissimulée. Mais le grand défi pour l’accusation sera de démontrer la volonté de Donald Trump de se soustraire à l’impôt ou de travestir les comptes de son groupe, la Trump Organization.

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« Attraper et tuer » : c’est ainsi qu’on appelle le stratagème de crise utilisé par le candidat à l’approche de l’élection. Capter les révélations, les étouffer dans l’œuf. C’était encore une époque où Donald Trump se souciait de sa réputation. Nouvel arrivé sur la scène politique, l’entrepreneur transgressif qui bouscule le camp conservateur était sur le point de créer la surprise, en obtenant l’investiture républicaine. Il faisait face à Hillary Clinton, l’incarnation absolue des élites démocrates, sans proposition politique forte mais ayant le privilège d’être la première femme à s’approcher aussi près du Bureau Ovale.

Les vulnérabilités du candidat républicain étaient nombreuses et identifiées de longue date. Le principe d’un bouclier préventif, pour le protéger, aurait été officialisé lors d’une réunion en août 2015. Les participants étaient Donald Trump lui-même, son conseiller, Michael Cohen, et David Pecker, le patron du groupe American Media Inc., pour auquel appartient le tabloïd L’enquêteur national. Ce journal doté de grands moyens et de scrupules inexistants avait son propre agenda politique, ses priorités, ses stars à mettre en avant et ses cibles à dépasser.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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