Désormais, quiconque pénètre dans le Château d’Amboise (Indre-et-Loire) est frappé au premier regard par la blancheur éclatante de la chapelle Saint-Hubert, qui vient de subir une rénovation de fond en comble – depuis la charpente aux façades, en passant par la flèche, les sculptures et les vitraux –, débutée en septembre 2021 sous la direction d’Étienne Bartélémy, architecte en chef des monuments historiques. Depuis le 1er juin, le public peut à nouveau accéder à cet ancien oratoire d’Anne de Bretagne, qui abrita en 1874 les ossements attribués au génie italien Léonard de Vinci, mort en 1519 à Amboise. Ses restes ont été retrouvés en 1863 sous les ruines de la collégiale Saint-Florentin, église située en contrebas du château d’Amboise.
Construit entre 1491 et 1496 sur ordre du roi Charles VIII, ce joyau architectural était autrefois enserré au cœur d’un palais gothique de 220 pièces – aujourd’hui disparu – et bâti sur l’enceinte d’une ancienne fortification médiévale. Charles VIII réalise alors l’impossible, mobilisant un contingent impressionnant d’artisans dévoués corps et âme à cette grande entreprise. « D’après ce que nous ont dit les maçons,nous ne serions plus en mesure de mener à bien un projet de cette envergure dans un tel délai », reconnaît, avec admiration, Marc Mallais, le directeur du château royal d’Amboise, propriété de la Fondation Saint-Louis.
La dernière grande restauration remonte à 1880
A partir du milieu du XVIe siècle, les rois Valois se détournent peu à peu d’Amboise à laquelle ils préfèrent les châteaux d’Île-de-France. « Cet abandon aura des répercussions sur la chapelle. Son état va se dégrader à la fin du XVIIIe siècle. il continue. Transmis en 1821 à Louis-Philippe, le domaine connaît néanmoins de profondes transformations. Le duc d’Orléans entreprend rapidement des travaux de renforcement des remparts. Plus tard, il fit construire un toit-terrasse à l’emplacement de l’ancienne maison, détruite par un incendie accidentel à la Révolution, qui entraîna l’isolement de la chapelle.
« Cela a eu des conséquences néfastes assez rapides sur sa stabilité.Jusqu’alors, le bâtiment était pris en sandwich entre deux bâtiments. Il manque ces murs qui constituaient le massif occidental et qui reprenaient les poussées des voûtes de la chapelle. expose Étienne Barthélémy, qui a repris les travaux entrepris en 1880 – dernière grande restauration – par Victor Ruprich-Robert, l’assistant d’Eugène Viollet-le-Duc.
Content d’avoir conduit ça « projet global », l’architecte a donné la priorité à la toiture et à la plomberie: « La casse de l’armature était liée au poids excessif du plomb », il élabore. « Lorsque j’ai commencé l’étude, il y avait deux supports permanents dans la charpente pour maintenir la flèche, provoquant une poussée sur la maçonnerie en pierre, responsable de la fissuration de la structure. » Plusieurs dizaines de chênes, prélevés sur l’ancien domaine de Chanteloup, proche du château, ont servi à construire cette toute nouvelle charpente, ornée de sa flèche, aux motifs dorés, qui a retrouvé sa belle ligne élancée.
Tout nouveau cadre et carillon en action
À l’intérieur, le carillon de la cloche, silencieux depuis cent cinquante ans, a été remis en action. De leur côté, les maçons ont eu la désagréable surprise de tomber sur près de 52 mètres cubes de pierres creuses, nécessitant la pose, par taillage, de nouveaux blocs de tuffeau sur toute la partie basse de la chapelle. Les sculpteurs ont recréé sur les frises intérieures, réalisées par des maîtres flamands, et sur le magnifique linteau du XVIe siècle, des éléments décoratifs, dédiés à Saint-Hubert, patron des chasseurs, tandis que les maîtres verriers travaillaient aux vitraux. des XVIIIe et XIXe siècles, relatant la vie de Saint-Louis, et celles réalisées par Max Ingrand, après les bombardements de 1940.
Au total, ce projet a réuni une cinquantaine d’artisans, représentant dix métiers, le plus beau des métiers d’art de la Vallée des Rois.
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Un projet d’une valeur de 3,5 millions contre 2,7 millions d’euros initialement prévus
L’État a versé – au titre du plan de relance – 2,23 millions d’euros. La Fondation Saint-Louis, propriétaire du Château d’Amboise, a porté l’investissement à 20 %.
L’inauguration aura lieu ce samedi 15 juin. En raison des règles imposées par la période de réserve électorale depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée dimanche soir par Emmanuel Macron, Rachida Dati, la ministre de la Culture, et la majorité des élus locaux ont annulé leurs visites.
Cette inauguration s’accompagne du vernissage de l’exposition de gravures de Léonard de Vinci, prêté par la Bibliothèque nationale de France.