Au Centre Pompidou, des bandes dessinées à tous les étages
L’heure n’est plus à la légitimation du neuvième art, ni à sa reconnaissance par les institutions ou les musées. L’opération « BD à tous les étages », investissant tous les niveaux du Centre Pompidou à Paris, n’est pas moins spectaculaire. A Beaubourg, depuis l’exposition « Hergé » en 2006, dans un tout autre contexte, la Bibliothèque publique d’information (BPI) s’est fait une spécialité de belles expositions monographiques et gratuites autour des plus grands, de Reiser à Spiegelman, de Bretécher à Posy Simmonds, ou encore Chris Ware et Catherine Meurisse. Pour l’occasion, elle rend un bel hommage à Corto Maltese autour des inspirations littéraires deHugo Pratt. Sur les cinq expositions, trois sont gratuites et destinées à un public familial. Au niveau -1, la revue Lagunecréée en 2014, déploie ses » chemin de terre « le laboratoire d’un magazine idéal où l’expérimentation formelle, du geste à l’impression, ouvre toutes les possibilités pour la création de nouveaux paysages narratifs.
Sur la mezzanine, l’auteure, designer, écrivaine Marion Fayolle a installé un merveilleux camp pour « tenir bon » en jouant, en méditant, comme une initiation à la rébellion poétique par la libération du corps et de l’esprit. Les enfants s’amusent. Le week-end des 22 et 23 juin, ils sont invités à participer à des ateliers de réalisation de fanzines, ouverts à tous et organisés par le festival parisien de BD Formula Bula, dans le cadre d’un grand concours international lancé en 2019 avec les éditions l’Articho. 1. Aux étages, les offres sont payantes mais incontournables.
60 ans de création en 750 planches originales de plus d’une centaine d’artistes
En dialogue avec la collection permanente d’art moderne (1900-1960), quinze auteurs confrontent sur un pied d’égalité des œuvres iconiques. On y retrouve Emmanuel Guibert, Anna Sommer, Dominique Goblet, Blutch, Dupuis et Baudoin, mais aussi six figures tutélaires Calvo, McCay, McManus, Herriman, Hergé et Eisner, en majesté dans les dormeurs. Plus haut encore, le feu d’artifice éclate dans la salle 2, où l’exposition « Bandes dessinées 1964-2024 » rassemble 60 ans de création en 750 planches originales de plus d’une centaine d’artistes. Avec l’invention du terme « neuvième art », 1964 initie symboliquement la tradition de la bande dessinée contemporaine autour des trois pôles d’expression les plus importants : francophone, américain et japonais.
Avec l’effervescence de Mai 68, l’avènement d’une contre-culture entraîne cette nouvelle bande dessinée libérée des illustrations jeunesse, subversive et révolutionnaire. L’héritage deHara-kiri et de Barbara rencontre Bazooka, Métal hurlant, Ah ! Mamie et répond au développement du comix underground aux Etats-Unis, mais aussi à l’expression de la bande dessinée d’auteur japonaise autour du magazine d’avant-garde Garô. Refusant l’enchaînement chronologique, le parti pris thématique regroupe les générations dans un menu copieux et loin d’être exhaustif. Une promenade pour s’émerveiller de la vitalité d’un art protéiforme, libre de tout raconter, toujours prêt à dépasser les cartons.
Jusqu’au 4 novembre au Centre Pompidou, Paris 4e. Informations sur www.centrepompidou.fr
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