Au Brésil, vive polémique sur les restrictions drastiques à l’avortement
» C’est de la folie. « Lula a vivement réagi, samedi 15 juin, depuis le G7 de Rome, contre un projet qui durcit la législation sur l’avortement. La Chambre des députés a adopté « caractère d’urgence », Mercredi 12 juin, examen préliminaire d’un projet qui prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu’à vingt ans d’emprisonnement pour les avortements pratiqués au-delà de 22 semaines de grossesse. Alors que les violeurs encourent actuellement une peine de dix ans de prison, selon le code pénal brésilien.
Une manœuvre parlementaire a fait que le projet de loi, émanant du député évangélique Sostenes Cavalcante, n’a pas été débattu en commission. Il sera ainsi voté directement en séance plénière, où les conservateurs disposent d’une solide majorité.
Dans un communiqué, la Conférence nationale des évêques brésiliens (CNBB) a soutenu ce texte, avec nuance. « L’Église catholique considère actuellement l’approbation de ce projet de loi comme importante, mais reste attentive à l’adoption d’autres projets de loi garantissant tous les droits des enfants à naître et des femmes enceintes. » affirment le président de la CNBB Jaime Spengler et trois évêques, au nom de la « défense et protection de la vie à toutes ses étapes, de la conception à la mort naturelle ».
« Escalade obscurantiste »
Ce projet de loi surprise a provoqué de nombreuses manifestations dans le pays. Car de nombreuses victimes de viol au Brésil sont de très jeunes adolescentes dont la grossesse est détectée tardivement et qui ne peuvent accéder à temps au système de santé publique. Des manifestants indignés sont descendus dans les rues samedi à Sao Paulo pour proclamer leur révolte. Des rassemblements ont également été organisés dans plusieurs villes du pays jeudi dernier.
La législation brésilienne actuelle sur l’avortement est déjà restrictive. La pratique n’est autorisée qu’en cas de viol, de risque pour la mère ou d’anomalie cérébrale du fœtus. En dehors de ces cas, l’avortement est puni de quatre ans de prison.
« Une telle injustice est intolérable ! « , s’indigne la Commission Arns pour la défense des droits de l’homme. Ce groupe de défense des droits de l’homme exige « barrer la route à cette escalade obscurantiste ». « Il s’agit d’une infamie envers les femmes brésiliennes, en particulier les adolescentes, qui représentent une part importante des cas de viol dans le pays. De plus, cette loi affectera particulièrement les filles et les femmes pauvres, majoritairement noires et résidantes de la périphérie qui n’ont pas accès à des services appropriés pour l’interruption de grossesse. estime la Commission.