Après plusieurs jours de troubles meurtriers entre forces de sécurité et étudiants à travers le pays, les autorités bangladaises ont interdit toute nouvelle manifestation dans la capitale Dacca, vendredi 19 juillet. Elles ont également annoncé avoir arrêté l’un des principaux leaders de l’opposition.
Au fil de la semaine, les manifestations, qui ont débuté début juillet pour réclamer la fin du système de quotas à l’embauche dans le secteur public, ont dégénéré en affrontements violents, faisant cinquante morts, dont trente-deux jeudi. « Nous avons cinq corps ici. Ils ont été tués aujourd’hui. »« Quelques jours plus tard, 45 personnes sont mortes, dont 11 ont été blessées », a indiqué vendredi à l’AFP le Dr Bacchu Mia, du Dhaka Medical College Hospital, alors que quarante-cinq décès avaient déjà été enregistrés depuis mardi, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) basé sur des chiffres fournis par les hôpitaux de tout le pays.
A l’aube vendredi, les rues animées de Dacca étaient désertes mais portaient les stigmates des violences : bâtiments gouvernementaux incendiés la veille, véhicules brûlés, briques jetées sur les routes… Internet restait coupé.
Dans la matinée, de nouveaux affrontements ont éclaté dans la capitale. Des centaines d’étudiants ont bloqué des routes dans le quartier commerçant huppé de Banani, a constaté un correspondant de l’AFP. Selon des témoins, la police a tiré des grenades lacrymogènes à plusieurs endroits de cette mégapole de vingt millions d’habitants.
« Pour assurer la sécurité publique »la police alors « interdit tous les rassemblements, processions et réunions publiques à Dhaka » Vendredi, a indiqué à l’AFP le chef de la police de la ville, Habibur Rahman. La police a également indiqué avoir arrêté l’un des principaux dirigeants de l’opposition à Dacca, Ruhul Kabir Rizvi Ahmed, porte-parole et secrétaire général adjoint du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), sans donner de détails sur les raisons de son arrestation.
Dans une déclaration publiée la veille, elle avait accusé « mécréants » ayant « brûlé, vandalisé et mené des activités destructrices » contre des bâtiments officiels, dont celui de la télévision d’État BTV, après une panne de courant « presque total » de l’Internet dans tout le pays.
« Une centaine de policiers ont été blessés lors des affrontements » à partir de jeudi et un « Cinquante commissariats incendiés » « Si ces actions destructrices continuent, nous serons « obligé de faire un usage maximal de la loi »la police a prévenu.
Ce dernier est à l’origine de plus des deux tiers des décès recensés, selon des informations obtenues par l’AFP de sources hospitalières. Plus de sept cents personnes ont été blessées jeudi lors de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, dont cent quatre policiers et trente journalistes, selon la chaîne privée Independent Television, qui a affirmé que vingt-six des soixante-quatre districts du pays avaient fait état d’affrontements.
Les manifestations, qui ont lieu presque quotidiennement depuis début juillet, visent à exiger la fin des quotas d’embauche dans le secteur public qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment les enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971.
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Les étudiants réclament un recrutement basé sur le mérite, affirmant que le système favorise les enfants des partisans de la Première ministre Sheikh Hasina, qui dirige le pays depuis 2009 et est accusée par ses opposants de chercher à éradiquer la dissidence pour renforcer davantage son pouvoir.
Les manifestations se sont intensifiées au fil des jours, avec des affrontements dans plusieurs villes du Bangladesh, alors que la police anti-émeute chargeait les étudiants qui avaient érigé des barrages routiers. Cette semaine, les autorités ont ordonné la fermeture indéfinie des écoles et des universités en raison de la détérioration de la situation.
Les manifestants « protester contre la nature répressive de l’État »Mubashar Hasan, expert du pays à l’Université d’Oslo, a déclaré à l’AFP. « remettant en cause le leadership de Hasina, l’accusant de s’accrocher au pouvoir par la force ». « C’est l’éruption du mécontentement latent des jeunes qui s’est accumulé au fil des années, en raison de la privation de leurs droits économiques et politiques »a ajouté Ali Riaz, professeur de politique à l’Université d’État de l’Illinois. « Les quotas d’embauche sont devenus le symbole d’un système truqué »il ajoute.
« Nous exigeons d’abord que le Premier ministre nous présente ses excuses »Bidisha Rimjhim, une manifestante de 18 ans, a déclaré à l’AFP. « Justice doit être rendue pour nos frères qui ont été tués. »
Selon l’organisation de défense des droits des citoyens basée à Londres Netblocks, l’accès à Internet reste coupé dans le pays. « Les perturbations empêchent les familles de communiquer entre elles et entravent les efforts visant à documenter les violations des droits de l’homme »a écrit l’organisation dans un message sur les réseaux sociaux.
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