Partout en France, les grandes agglomérations souhaitent aménager des voies supplémentaires réservées aux véhicules transportant au moins deux personnes, dont le conducteur, faussement appelées « voies de covoiturage ».
L’idée est séduisante sur le papier, mais risque d’être très impopulaire, d’autant que, pour lutter contre les conducteurs solitaires qui tentent de braver l’interdiction, les autorités installent des radars capables de détecter le nombre d’êtres vivants à bord.
Un nouveau type de radar
Il existe déjà de nombreux types de radars, de vitesse à un instant donné, sur la longueur d’un tronçon, de passage d’un feu rouge, etc. Désormais, un nouveau type apparaît, bien qu’il ne s’agisse pas techniquement d’un radar.
En effet, si dans le langage courant ce nom est donné aux appareils qui surveillent automatiquement tous les types d’infractions, d’un point de vue technique un radar est un système qui détecte la présence, la position et la vitesse d’un objet à l’aide d’ondes électromagnétiques.
Ce n’est pas le cas ici, où il s’agit davantage de verbalisation vidéo, en quelque sorte, puisque ce sont les caméras qui font le travail de discrimination. Plusieurs systèmes existent et sont en phase de test depuis des années déjà.
Quoi qu’il en soit, n’espérez pas tricher en gonflant une sympathique poupée sur le siège passager, les systèmes ne sont pas si faciles à duper. En effet, les caméras simples rencontrent trop d’obstacles pour être efficaces (nuit, soleil direct, vitres teintées, etc.) et les constructeurs ont développé des technologies capables de détecter uniquement les êtres vivants réels (elles sont aussi capables de percevoir les animaux).
Alors qu’un constructeur (Pryntec) propose des caméras thermiques au sens littéral du terme, un autre (Fareco Fayat) mise sur des caméras infrarouges. Celles-ci « éclairent » l’habitacle d’un véhicule sur un spectre invisible à l’œil humain afin de détecter une présence, la longueur d’onde étant sensible à la chaleur. Dans tous les cas, un logiciel assisté par l’intelligence artificielle reproduit ensuite l’habitacle du véhicule avec les silhouettes des passagers, et envoie une contravention si le véhicule n’a qu’un seul occupant.
Afin de laisser un semblant d’humanité dans le système, officiellement chaque image est examinée par un policier assermenté avant d’être envoyée au délinquant.
Où et quand ?
Avec les Jeux olympiques, Paris a découvert les voies réservées, créant d’importants embouteillages en plein été dans des endroits qui n’existent normalement pas à cette période de l’année. L’idée de la région est de tout transformer ensuite en « voies réservées au covoiturage », ce qui semble fortement déplaire à la majorité.
En effet, une bonne partie des autoroutes menant à Paris (A1, A6, etc.) auront une voie réservée, ainsi qu’une partie importante du périphérique.
Depuis le 29 juillet, l’agglomération lyonnaise est déjà concernée par les amendes, avec 16 km de voies rapides autour de Lyon équipées de ces caméras actives 24h/24 et 7j/7, tous les jours de la semaine. Strasbourg a pris les devants, puisque la M35 dispose d’une voie de covoiturage active depuis mi-juillet.
Pour reconnaître les zones interdites aux conducteurs seuls, il faudra se souvenir du nouveau panneau rectangulaire avec un losange allumé et la mention « 2+ ». Lorsqu’il est éteint, tout le monde peut utiliser la voie, lorsqu’il est allumé, la voie est interdite aux conducteurs seuls. Le conducteur imprudent recevra une amende de 135 €, réduite à 90 €, sans perte de points.