La nourriture et les médicaments ne font pas toujours bon ménage.
L’association de certains aliments et médicaments peut affaiblir l’action du traitement ou affaiblir l’absorption des nutriments.
Pour éviter toute conséquence indésirable, vous devez adapter votre alimentation à votre traitement.
Près de 65 000 médicaments différents sont répertoriés en France. Selon Thériaque, la base de données des médicaments, certains interagissent avec l’alimentation et d’autres nécessitent une adaptation du régime alimentaire. Notre façon de manger influence l’absorption de nombreux médicaments. Certains aliments peuvent la diminuer, l’augmenter ou la retarder. Associer certains aliments à un traitement médical peut entraîner des effets indésirables graves. Grégory Guilbert, docteur en pharmacie et directeur de la société Pharmacodietetics ajoute : « Il existe des phénomènes d’interactions pharmacocinétiques. L’organisme et/ou l’alimentation vont modifier le métabolisme du médicament (le pamplemousse et l’orange amère ne s’entendent pas avec plus de 300 médicaments, dont certains contre le cancer, le diabète, le cholestérol, les anti-inflammatoires ou anti-infectieux, etc.). »
Les incompatibilités physicochimiques avec les aliments perturbent l’absorption de certains médicaments, poursuit le pharmacien : « C’est le cas de certains antibiotiques qu’il ne faut pas associer aux produits laitiers. Enfin, d’autres médicaments ont un impact sur le métabolisme. » Les nutriments et les médicaments provoquent parfois des effets opposés : « Les patients traités par des anticoagulants de la famille des antivitamines K doivent notamment éviter de consommer trop d’aliments riches en vitamine K, comme les abats, l’avocat, le brocoli, les carottes, le chou, le chou-fleur et les choux de Bruxelles, les épinards, le fenouil, la laitue ou les tomates. Ces aliments diminuent l’effet de l’anticoagulant dont le mécanisme d’action repose sur la neutralisation de la vitamine K. »complète Vidal, la bible des médecins.
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« Des informations trop rapides et mal comprises »
Les patients prenant des médicaments antihypertenseurs ou des corticostéroïdes doivent modérer leur consommation de sel. « La prise de cortisone perturbe le métabolisme et accélère la destruction des protéines. Il faut enrichir son alimentation en protéines, calcium et potassium et la réduire en glucides. La cortisone nécessite 18 adaptations alimentaires différentes. »prévient Grégory Guilbert.
Le site Vidal assure que certains médicaments pour le système nerveux nécessitent d’éviter la viande. Il recommande aux 21 millions de malades chroniques de se renseigner sur la compatibilité entre certains aliments et leur traitement : fromages, tous les aliments affinés et périmés, abats, fruits et légumes trop mûrs, aliments et boissons fermentés (extraits de levure, bière) ou alcoolisés. « Il n’y a pas de vérité unique, il est impossible de généraliser les effets d’un aliment sur une majorité de médicaments. Il n’y a pas de régime miracle et il faut des outils pour adapter un régime à un traitement »assure Grégory Guilbert
Pour aider les patients, Grégory Guilbert lance « Eat’s OK », une application qui prévient les mauvaises interactions entre médicaments et aliments. « En tant que patiente, je n’avais jamais eu ce genre d’informations. Chez le médecin ou au comptoir de la pharmacie, les professionnels donnent des conseils trop rapidement et les patients les comprennent mal. Les informations sur les boîtes de médicaments sont suffisantes pour le cadre juridique, mais elles restent génériques. Jusqu’à présent, il n’existait pas de bases de données reliant les médicaments et les règles alimentaires adaptées. »regrette le pharmacien.
L’application mobile, développée par des pharmaciens et des diététiciens, permet aux patients de connaître la liste des aliments à éviter. « Il suffit de scanner ses boîtes de médicaments dans l’application. Celle-ci propose alors une série de conseils, notamment des menus à base d’aliments compatibles avec sa santé. »décrit Grégory Guilbert.
