Alors que le suspect, El Hussein K, est actuellement interrogé par le Parquet national antiterroriste dans le cadre d’une enquête ouverte pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », que sait-on de son profil socio-économique, de son parcours migratoire ? Quels éléments de sa trajectoire entrent en résonance avec les enquêtes sociologiques sur les profils des personnes coupables d’actes terroristes en France ces dernières années ? Assiste-t-on à une nouvelle forme de radicalisme islamiste ?
« Contrairement à une idée assez répanduenote Xavier Crettiez, L’entrée dans la délinquance ne conditionne pas automatiquement une carrière terroriste. Environ 60 % des islamistes en prison qui, avant d’être incarcérés pour association de malfaiteurs terroriste, n’ont jamais connu la justice. Ou des actes très mineurs comme l’usage de stupéfiants, qui concernent une grande partie de la population française, ne constituent donc pas vraiment des infractions majeures.«
« Ce genre d’événements, expliquer Xavier Crettiez peuvent avoir un effet d’engagement dans la violence et dans le radicalisme. C’est ce que les sociologues appellent les chocs moraux, précise le chercheur*, c’est-à-dire le fait d’avoir été confronté, le plus souvent sur Internet, via les réseaux sociaux, à des scènes qui sont en complète opposition avec les valeurs qui nous animent. Ici, dans ce cas, avoir vu des scènes avec des enfants bombardés par l’armée israélienne, des femmes tuées, des civils assassinés, cela peut créer un tel choc que des individus peuvent avoir envie de commettre l’irréparable avec des tentatives d’attentats contre une synagogue. »*
« Déjà dans le cas du conflit syrien, les motivations des djihadistes étaient très politiques, souviens-toi Xavier Crettiez. Nous avons rejoint une organisation politico-militaire qui était l’État islamique. Il y avait une dimension religieuse évidemment, mais il y a surtout une dimension politique et la dimension du choc moral a aussi joué un rôle énorme. Il faut rappeler que beaucoup ont dit avoir rejoint suite aux bombardements des populations syriennes par les forces de la coalition ou par l’armée d’Assad. La majorité des engagements, des phénomènes de radicalisation salafiste-djihadiste se font virtuellement, ce qu’on appelle un peu de socialisation virtuelle, beaucoup plus que par le biais de la famille ou par la fréquentation des mosquées salafistes. Cela se fait essentiellement sur les réseaux sociaux et essentiellement sur Internet. Et donc cette dimension de confrontation avec l’horreur, ou en tout cas avec des scènes que nous considérons comme complètement condamnables et moralement inacceptables, est un élément fondamental dans les phénomènes d’engagement.
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