Attaque de drone à Tel Aviv revendiquée par les Houthis du Yémen, frappes à Gaza – 19/07/2024 à 21:39
Un policier israélien nettoie des débris de verre après une explosion provoquée par une attaque de drone, à Tel-Aviv, le 19 juillet 2024 (AFP / GIL COHEN-MAGEN)
Une attaque de drone revendiquée par les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, a fait un mort vendredi à Tel-Aviv, déjouant le système de défense israélien en pleine guerre dans la bande de Gaza, toujours sous bombardements.
Après des mois d’attaques contre des navires au large du Yémen, en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, les Houthis, alliés au mouvement islamiste palestinien Hamas, ont menacé de faire de Tel-Aviv une « cible principale » de futures attaques qui atteindraient « profondément » le territoire israélien.
L’armée israélienne a déclaré qu’un « très gros drone » capable de « parcourir de très longues distances » a été utilisé dans l’attaque, qui a eu lieu à 03h12 (00h12 GMT), et a également fait plusieurs blessés.
Le drone a été détecté par l’armée mais une « erreur humaine » a fait que les « systèmes d’interception et de défense n’ont pas été activés », a indiqué un responsable militaire israélien.
L’attaque a probablement été menée « depuis le Yémen » avec un drone « de fabrication iranienne », a estimé le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a promis sur X de faire payer de manière décisive et par surprise « quiconque tente de nuire à Israël ».
Des policiers israéliens sur les lieux d’une explosion à Tel-Aviv le 19 juillet 2024 (AFP / GIL COHEN-MAGEN)
Les Houthis, qui contrôlent une partie du Yémen, ont annoncé avoir utilisé « un nouveau drone baptisé ‘Jaffa’, capable de contourner les systèmes d’interception ennemis et indétectable par les radars ».
Leur porte-parole militaire, Yahya Saree, a averti que Tel-Aviv était désormais « une zone dangereuse ».
Les Houthis ont déclaré dans le passé avoir mené plusieurs attaques ciblant la ville israélienne d’Eilat sur la mer Rouge, mais la frappe de vendredi était leur attaque la plus lointaine à ce jour.
– Projectiles tirés depuis le Liban –
Carte indiquant la distance approximative entre la zone contrôlée par les rebelles houthis au Yémen, d’où un drone aurait été lancé, et Tel Aviv, en Israël (AFP/Omar KAMAL)
L’attaque a touché un immeuble situé près d’une annexe de l’ambassade américaine et a fait voler des fenêtres. Un homme de 50 ans, touché par des éclats d’obus, a été retrouvé mort dans son appartement.
« Je me suis réveillé parce que les vibrations étaient comme celles d’un Boeing 747 », a raconté à l’AFP Kenanth Davis, un Israélien qui séjournait dans un hôtel situé en face de l’immeuble touché. « Tout a explosé dans la chambre ».
L’attaque a été condamnée par l’Union européenne et l’ONU, le secrétaire général Antonio Guterres s’étant déclaré préoccupé par « le risque d’une nouvelle escalade dans la région ».
Au Yémen, les Houthis sont engagés dans une longue guerre civile qui a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde. Ils ont pris la capitale, Sanaa, en 2014, provoquant l’intervention l’année suivante d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite en soutien au gouvernement internationalement reconnu.
Des passants derrière une vitre brisée après une attaque de drone à Tel-Aviv, le 19 juillet 2024 (AFP / GIL COHEN-MAGEN)
La guerre à Gaza a exacerbé les tensions régionales, notamment à la frontière israélo-libanaise où le Hezbollah, mouvement islamiste libanais allié au Hamas, échange régulièrement des tirs avec Israël.
Vendredi, l’armée israélienne a déclaré qu’environ « 65 projectiles » « ont traversé le territoire israélien en provenance du Liban », mais n’ont fait aucun blessé.
– Grèves dans le nord et le centre –
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par le Hamas dans le sud d’Israël, qui a fait 1.195 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Des Palestiniens marchent près de tentes le long d’une rue inondée d’eaux usées stagnantes à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 juillet 2024 (AFP/Bashar TALEB)
Sur les 251 personnes enlevées, 116 sont toujours détenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.
En réponse, Israël a promis de détruire le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste, et a lancé une offensive sur la bande de Gaza qui a jusqu’à présent tué 38 848 personnes, principalement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Alors que les négociations pour un cessez-le-feu traînent depuis plusieurs mois, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé vendredi qu’elles s’approchaient de la « ligne d’arrivée », tout en affirmant qu’il restait « des questions à résoudre ».
Des Palestiniens déplacés attendent de recevoir de la nourriture à un point de distribution dans le nord de la bande de Gaza le 18 juillet 2024 (AFP / Omar AL-QATTAA)
Pendant ce temps, sur le terrain, des témoins ont rapporté des affrontements entre combattants palestiniens et soldats israéliens vendredi.
Des explosions et des tirs d’artillerie ont été entendus dans le sud-ouest de la ville de Gaza (nord) et neuf personnes ont été tuées dans deux frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Nusseirat (centre), selon la Défense civile et l’hôpital al-Awda.
L’armée israélienne a déclaré avoir tué Adel Hamdiya, un officier du renseignement militaire du Hamas dans la ville de Gaza qui, selon elle, a aidé à planifier l’attaque du 7 octobre.
La guerre a déplacé la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants et plongé le territoire assiégé dans un désastre humanitaire.
Un Palestinien se tient debout sur les décombres de bâtiments détruits à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 juillet 2024. Le ministère israélien de la Santé a déclaré que le poliovirus de type 2 avait été détecté dans des échantillons d’eaux usées de Gaza testés dans un laboratoire israélien, ajoutant que l’Organisation mondiale de la santé avait fait des découvertes similaires. (AFP / Bashar TALEB)
Alors que la pression internationale s’accroît sur Israël en raison du coût humain de la guerre, la Cour internationale de justice, la plus haute instance de l’ONU, a jugé vendredi que son occupation des territoires palestiniens depuis 1967 était « illégale » et devait cesser « le plus rapidement possible ».
Une décision « saluée » par le Hamas a été qualifiée d' »historique » par la présidence de l’Autorité palestinienne. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l’a dénoncée comme une « décision trompeuse ».