Devant les ambassadeurs réunis à l’Elysée ce lundi pour la cérémonie des vœux, Emmanuel Macron a fixé sa ligne en matière de politique internationale, évoquant la paix en Ukraine, accompagner la transition de la Syrie… Mais il a aussi taclé Elon Musk.
Il a présenté ses vœux pour l’année 2025, fixé un cap, réglé quelques comptes, et a prévenu. Face aux ambassadeurs réunis ce lundi à l’Elysée, Emmanuel Macron a fait part de ses priorités en matière de politique étrangère pour les 365 jours à venir. Relation avec les États-Unis, lutte contre le terrorisme, l’Ukraine, la Syrie, tout ce qu’il faut retenir de la prise de parole du chef de l’État.
Une attaque contre Elon Musk, accusé de soutenir « une nouvelle internationale réactionnaire »
S’il a adressé la bonne année et a remercié les ambassadeurs pour leurs actions, le discours du président a tout de suite pris un tournant politique. Avec une attaque, sans le citer nommément, contre Elon Musk, milliardaire propriétaire de X, Tesla et SpaceX.
« Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne ? Qui l’aurait imaginé ? », a lancé Emmanuel Macron, faisant directement référence au soutien continu du proche de Donald Trump au parti d’extrême droite allemand, AfD.
Une main tendue à Donald Trump, deux semaines avant l’investiture
Et les retrouvailles avec ce dernier – Donald Trump – date d’il y a presque un mois, mais Emmanuel Macron a – déjà, après la pique pour Musk – voulu rassurer le 47e président des États-Unis.
« Il sait qu’il a en France un allié solide, un allié qu’il ne mésestime pas, un allié qui croit dans l’Europe » et porte une « ambition lucide » pour la relation transatlantique, a-t-il prévenu, deux semaines avant l’investiture du nouveau chef d’État à Washington, vantant leur entente lors de son premier mandat, tout en se montrant prudent.
« De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump. Si on décide d’être faible et défaitiste, il y a peu de chances d’être respecté par les États-Unis d’Amérique du président Trump, à nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain », a-t-il ajouté.
Les Ukrainiens doivent mener des discussions « réaliste sur les questions territoriales »
Alors que la Russie a envahi l’Ukraine depuis bientôt trois ans, le locataire de l’Elysée a pointé plusieurs volontés pour 2025. « Les Ukrainiens ont à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales et eux seuls peuvent les conduire », a lancé le président, au moment même où la Russie a pris possession de quelque 20 % de l’Ukraine et multiplie les conquêtes. Selon Emmanuel Macron, il n’y aura « pas de solution rapide et facile en Ukraine ».
En revanche, les Européens devront « construire des garanties de sécurité » pour l’Ukraine, a-t-il estimé. Avant de réintroduire les États-Unis dans ses propos. « Elles ont à nous aider pour changer la nature de la situation et convaincre la Russie de venir à la table des négociations. »
« Le nouveau président américain sait lui même que les États-Unis n’ont aucune chance de gagner quoi que ce soit si l’Ukraine perd » et une « capitulation de l’Ukraine ne saurait être bonne pour les Européens et les Américains », a dit le président français estimant que la « crédibilité » des Occidentaux serait « battue en brèche » s’ils acceptent de « transiger » en raison d’une « fatigue » du conflit.
Les conjectures vont bon train depuis des semaines sur les conditions de futures négociations de paix, du fait du retour à la Maison Blanche le 20 janvier de Donald Trump, qui a promis de rapidement mettre un terme au conflit. Toutefois, sans préciser comment. Kiev espère des décisions fortes du président américain, mais craint aussi une baisse de soutien, Donald Trump ayant critiqué à de nombreuses reprises les milliards de dollars fournis au pays.
Le Kremlin a pour sa part rejeté l’idée d’un cessez-le-feu. Il réclame que l’Ukraine dépose les armes, cède quatre régions partiellement occupées par les Russes, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à entrer dans l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev.
Accompagner le Syrie, tout en restant fidèle aux combattants Kurde
Trois jours après la visite de son ministre des Affaires étrangères en Syrie Jean-Noël Barrot, Emmanuel Macron a évoqué le cas du pays après la chute de Bachar al-Assad début décembre. Le président a appelé à « regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie. »
Avant d’évoquer l’accompagnement de la France, « dans la durée », concernant la transition du pays vers « une Syrie souveraine, libre et respectueuse de sa pluralité ethnique, politique et confessionnelle ». Puis de mettre sur la table un engagement pur et dur : rester « fidèle » aux « combattants de la liberté, comme les Kurdes » qui ont combattu et combattent le terrorisme, notamment l’organisation jihadiste État islamique.
Lutter « sans répit » contre le terrorisme
Alors que le triste anniversaire des dix ans de l’attentat perpétré contre les journalistes de Charlie Hebdo se tient demain, mardi 7 janvier, Emmanuel Macron a appelé à poursuivre sans « répit » la lutte contre le terrorisme.
« Nous savons que le terrorisme est un risque qui demeure prégnant dans nos sociétés et qui implique qu’il n’y ait aucun relâchement et une vigilance collective. Il ne faut aucun répit dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il martelé.
Les Européens et le renforcement de leur défense
Au niveau Européen, Emmanuel Macron a indiqué que les pays doivent aller « beaucoup plus vite et beaucoup plus fort » pour renforcer leur industrie de défense face à la montée des menaces.
« La question est de savoir si les Européens veulent, pour les 20 ans qui viennent, produire ce qui sera nécessaire à leur sécurité ou pas », car « si nous dépendons de la base industrielle et technologique de défense américaine, alors nous aurons de cruels dilemmes et des dépendances stratégiques coupables », a-t-il insisté.
Pour le Mercosur, « la messe n’est pas dite »
Pour terminer, le président français a assuré, dans un contexte de manifestation des agriculteurs partout en France ce lundi, que la « messe n’est pas dite » concernant la conclusion de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur.
On continuera de défendre avec force la cohérence de nos engagements
Emmanuel Macron
Ce lundi, de nombreux convois d’agriculteurs se sont mobilisés avec un objectif : se rendre à Paris. Tous s’inquiètent de la signature de cet accord. Un projet qui est « inacceptable en l’état », avait déclaré le président Emmanuel Macron.