Attaque au couteau à Annecy : après le choc, les interrogations

Parmi les passants et promeneurs qui se trouvaient jeudi matin peu avant 10 heures dans le parc du Pâquier, au bord du lac d’Annecy (Haute-Savoie), certains ont d’abord cru à un jeu. Une mère les a violemment ramenés à la réalité : dans une petite zone, un homme s’était mis à frapper les enfants qui s’y trouvaient avec un couteau, puis les adultes qui tentaient de l’empêcher d’agir. « Au début, on pensait qu’il jouaitraconte un témoin interrogé par France Bleu Pays de Savoie mais, en fait, il a sauté la clôture du parc et il a poignardé une petite fille puis un bébé.

Certains des adultes présents ont tenté d’intervenir. Toujours au micro de France Bleu, deux agents de la ville d’Annecy, qui ramassaient les poubelles, ont raconté avoir tenté de frapper l’agresseur avec une pelle, puis l’ont entouré d’autres adultes. Arrivés très rapidement sur les lieux, des policiers à moto ont ouvert le feu sur l’agresseur, sans le toucher, mais ont finalement réussi à l’intercepter.

Le mobile reste à déterminer, la qualification de terroriste n’a pas été retenue à ce stade

Le bilan de cette attaque, dressé vers 15 heures jeudi lors d’un point presse par la procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, est effroyable : six blessés, dont quatre enfants âgés de 22 mois, 2 ans pour deux d’entre eux, et 3 ans. Deux de ces enfants sont de nationalité néerlandaise et britannique, probablement en raison de la présence de touristes à cette saison. Cinq des victimes, dont les quatre enfants, ont été placées en urgence absolue et transportées dans des hôpitaux de la région, voire en Suisse. Tous n’ont que des coups de couteau, à l’exception d’un adulte qui aurait été touché par des tirs de la police.

L’agresseur n’a pas été blessé lors de son interpellation et a été immédiatement placé en garde à vue à Annecy. Il n’était armé que d’un couteau, en possession des services de la direction centrale de la police judiciaire, à qui l’enquête pour « tentative d’assassinat » a été confiée. Le mobile de son acte reste à déterminer : selon le procureur, le parquet antiterroriste procède à une expertise, mais il n’est pas saisi de l’enquête et il n’y en aurait pas pour le moment « pas de motif terroriste apparent » ni « aucun élément qui pourrait impliquer » qu’il y en aurait un. De source policière dans la presse locale, l’homme est de nationalité syrienne et âgé de 31 ans, selon la carte d’identité retrouvée sur lui, qui mentionne le nom d’Abdalmasih H., né le 1er octobre 1991 en Syrie.

Déjà en possession d’un permis de séjour légal, délivré par la Suède

Selon les informations fournies par la Première ministre, Élisabeth Borne, qui accompagnait le procureur lors du point de presse, il serait « réfugié en Suède depuis dix ans » et aurait déposé, à son arrivée en France il y a sept mois, une demande d’asile devenue sans objet puisqu’il était déjà en possession d’un titre de séjour légal, délivré par la Suède et valable dans l’espace Schengen. Selon son ex-femme, jointe par l’AFP, Abdalmasih H. aurait quitté ce pays car il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise. « Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, ce que vous me dites est terrible. Mais je n’ai pas eu de contact avec lui, je ne sais pas où il habite ni comment il va psychologiquement. » dit l’ex-femme.

Jeudi, Elisabeth Borne a également assuré qu’il s’agirait d’un particulier « isolé, sans abri », qui n’aurait aucun antécédent criminel ou psychiatrique, et ne serait pas connu des services de renseignement. Autant d’éléments qui sont encore en cours de vérification par les enquêteurs.

Plusieurs témoignages rapportent que cet individu connaissait bien le parc : ils l’y ont observé à plusieurs reprises ces derniers mois. « Il était là tous les jours du matin au soir, rapporte un de ces témoins à France Info , et tout le monde l’a repéré car il était tout seul. Nous nous demandions qui il était et nous pensions qu’il était bizarre. Mais, d’un autre côté, il nous a dit bonjour. » De sources policières citées par France Info, l’agresseur portait une croix chrétienne autour du cou au moment des faits et se serait décrit, dans le dossier de demande d’asile déposé en novembre 2022 devant l’Office français des réfugiés et apatrides, comme un « chrétien syrien ». Surtout, dans une vidéo que plusieurs médias ont pu consulter, au moment de l’attentat, on entendrait distinctement l’homme s’exclamer à deux reprises, en anglais : « Au nom de Jésus-Christ ! »

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