Attal confie sa « frustration » de devoir partir, Barnier promet « des changements et des ruptures »

Si l’image était attendue, il restait une inconnue. Soixante jours après le second tour des législatives anticipées, qui ont donné naissance à une Assemblée fragmentée en trois blocs, Gabriel Attal a remis jeudi soir les clés de Matignon à son successeur : Michel Barnier, ancien négociateur en chef du Brexit. Huit mois après avoir remplacé Élisabeth Borne, en réponse au tourbillon politique de la loi sur l’immigration, le président des députés Renaissance s’est entretenu en privé avec la nouvelle cheffe du gouvernement. Un échange d’une demi-heure qui a été suivi de deux courtes allocutions dans la cour de Matignon.

Applaudi par ses équipes, dont plusieurs ministres dont il est proche, Gabriel Attal a tenu à « féliciter » Michel Barnier qu’il « sait depuis plusieurs années ». Et de saluer son expérience de « grand élu local »et serviteur « de l’État dans différentes fonctions ». Autant de qualités qui permettraient au nouvel hôte de Matignon de « pour manœuvrer dans le paysage politique français que nous connaissons aujourd’hui. » Des défis auxquels il a lui-même dû faire face ces derniers mois. « Être Premier ministre, c’est l’honneur d’une vie (…) On ne le fait jamais seul car on le fait avec le peuple français », a insisté le député des Hauts-de-Seine. Qui a fait un constat sévère : « La politique française est malade. Mais la guérison est possible. À condition que nous nous éloignions tous du sectarisme, des coups d’État politiques et que nous cessions de tout voir en noir », a-t-il ajouté. il souhaitait. Comme un conseil amical adressé au nouveau venu, qui devra résoudre une équation parlementaire inédite.

« Huit mois, c’est court »

Si Gabriel Attal s’est montré clément avec Michel Barnier, il s’est montré moins tendre avec Emmanuel Macron, qui a activé la dissolution à la surprise générale au lendemain des législatives. « Huit mois, c’est court. C’est trop court. »a martelé l’ancien ministre des Comptes publics, qui a partagé son « frustration » de devoir partir si tôt. Et de promettre que « La liberté sera au cœur des valeurs qui l’animeront dans les mois et les années à venir ». Gabriel Attal a beau vouloir s’affranchir de plus en plus du président de la République, il a partagé son sentiment de « devoir accompli dans le délai qui lui était imparti »L’occasion d’évoquer son bilan, les moments forts de son passage rue de Varenne. Mais surtout d’exhorter le nouveau Premier ministre à garder comme priorité l’Education nationale, dont il a été en charge entre juillet 2023 et janvier 2024. L’ancien locataire de Matignon a ensuite remercié son gouvernement, les parlementaires du bloc central, ses proches et notamment sa mère.

Un hommage maternel que Michel Barnier a immédiatement repris dès le début de son discours. Avant de passer sur un terrain plus politique. « Nous sommes dans un moment grave »a soutenu le Premier ministre, qui « aborde cette nouvelle page avec beaucoup d’humilité ». « Déterminé » Dans son nouveau poste, il a promis de « dire la vérité » et de « « tout faire pour être à la hauteur des attentes et des espoirs » Des Français à qui il présentera sa feuille de route dans un discours de politique générale. « Il y aura aussi des changements et des ruptures », s’est vanté le candidat malheureux au congrès LR de 2021. Qui a donné un avant-goût de sa méthode : « Beaucoup d’écoute et beaucoup de respect, entre le gouvernement et le Parlement, envers toutes les forces politiques, les partenaires sociaux, les partenaires économiques, les élus locaux. »

Une manière d’annoncer une rupture avec la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron. A qui il adresse un avertissement : « Le gouvernement ne fera pas semblant de croire que la science infuse vient uniquement de lui. » La quatrième cohabitation de la Ve République a-t-elle commencé ?