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un nouveau plan pour lutter contre l’homophobie alors que l’abandon des flocages arc-en-ciel divise encore

La Ligue de football professionnel a dévoilé son plan de lutte contre l’homophobie le 17 mai, journée internationale contre cette discrimination. Après l’abandon du flocage arc-en-ciel, certaines associations ont décidé de ne pas s’associer à cette action de la LFP.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Kylian Mbappé et son arc-en-ciel affluent pour la journée contre l'homophobie, le 16 mai 2021 au Parc des Princes.  (FRANCK FIFE / AFP)

« Débarrassons-nous de l’homophobie ! C’est le message que la Ligue de Football Professionnel (LFP) souhaite imprimer sur tous les terrains de Ligue 1 et de Ligue 2 pour les dernières journées de championnat. Le vendredi 17 mai, journée internationale contre l’homophobie, marquera le début d’une vaste campagne de lutte contre cette discrimination. Ce dispositif, auquel n’adhéreront pas certaines associations de lutte contre l’homophobie, a été dévoilé par la LFP. Parmi eux, SOS Homophobie et le PanamPride Football Club dénoncent un recul important de la lutte. Ils dénoncent l’abandon du flocage arc-en-ciel, preuve supplémentaire de la difficulté d’agir pour la cause en satisfaisant toutes les parties : LFP, clubs, joueurs et associations.

Un patch avec l’inscription « Homophobie » barrée en rouge, le patch Ligue 1 et Ligue 2 aux couleurs du drapeau LGBT, tout comme les drapeaux sur les poteaux d’angle font notamment partie du dispositif LFP pour ce dernier week-end de le championnat. Il reprend les codes de l’opération menée pour lutter contre le racisme, en complément des ateliers réalisés tout au long de l’année dans les clubs en partenariat avec des associations comme Foot Ensemble et la Fondation pour un sport inclusif.

Pas suffisant pour certaines associations qui regrettent la visibilité réduite des couleurs de la cause LGBT : « Cette opération a le mérite d’exister, » concède Bertrand Lambert, président du PanamPride Football Club. Mais c’est un retour en arrière fondamental qui rend invisibles nos couleurs, les couleurs de notre combat. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter. Selon lui, « cette disparition du flocage arc-en-ciel donne vraiment raison à ceux qui ne voulaient pas le porter ». Ce logo, qui reprend les mêmes couleurs que ceux de la journée de lutte contre le racisme, ne trouve pas d’écho dans la lutte contre l’homophobie pour Bertrand Lambert : « Ils sont arrivés à ce cercle noir qui peut avoir un sens pour le racisme. Mais pour moi, concerné par la lutte contre l’homophobie, il n’est pas possible d’arriver avec un badge noir. Cela n’a rien à voir avec la cause LGBT. »il insiste.

Les couleurs du drapeau LGBT seront cependant présentes sur les maillots, mais uniquement sur les patchs logo de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Pas assez pour le président du PanamPride Football Club : «Ce petit logo, il sera visible par les joueurs, il ne sera visible par personne d’autre. », déplore-t-il. Il craint tout de même que la simple présence de ces couleurs sur les maillots ne pousse encore certains joueurs à ne pas les porter : «Il faut être très attentif à ce qui va se passer ce week-end car, au fond, on fait ça pour faire plaisir aux joueurs. Mais le maillot leur a été présenté et certains auraient dit : ‘Il y a encore le symbole, ça me pose problème’. »

« Peut-on imaginer une association de lutte contre le racisme en critiquer une autre au moment où nous menons une campagne de lutte contre le racisme ?

la LFP

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Du côté de la LFP, on regrette la séparation de ces deux associations : « Ce système de communication grand public est vraiment unique et n’a jamais été aussi important lors de nos journées de championnat. Cette journée s’inscrit vraiment dans tout ce que nous faisons tout au long de la saison, avec les ateliers anti-discrimination que nous réalisons dans les clubs. On a du mal à comprendre que la Ligue soit un punching-ball, quand on est un allié. C’est l’organisme sportif qui en fait le plus.« 

Yoann Lemaire est président de l’association Foot Ensemble. Après avoir milité pour le flocage arc-en-ciel il y a trois ans, il fait partie de ceux qui ont accepté de l’abandonner pour ce nouveau dispositif après avoir rencontré, sur le terrain, une opposition « argumentée » dans un contexte où certains affirmaient que ce maillot était destiné à promouvoir l’homosexualité. : « J’ai écrit une lettre après de nombreuses interventions auprès de centres de formation, également dans le monde professionnel. J’avais sous-estimé le problème. Le maillot a posé beaucoup de problèmes. Parfois c’était très bien argumenté. Parfois, pas du tout. Parfois, c’était homophobe. C’est devenu douloureux car on ne pouvait plus parler d’homophobie : comment s’engager contre l’homophobie, qu’est-ce que l’homosexualité, qu’est-ce que l’homophobie, qu’est-ce qu’un comportement homophobe ? Nous ne parvenions plus à échanger de manière constructive« , justifie-t-il.

Yoann Lemaire pointe également un autre problème : la médiatisation de cette opération ne s’est concentrée, à chaque fois, que sur les quelques joueurs qui refusaient de porter ce maillot, et non sur les plusieurs centaines d’autres qui acceptaient le flocage : «Oui, il y en a cinq qui ne l’ont pas porté, mais il y en a 800 ou 900 qui l’ont porté. Quand je vais au collège ou au lycée, les enfants me disent : « Dans le foot, vous êtes tous homophobes ». Parce que les enfants ont vu à la télé que seuls quatre ou cinq joueurs ne voulaient pas porter le maillot.« Il suppose qu’il préfère une solution qui »contourner le problème« , pour « amener ces personnes à la lutte contre l’homophobie plutôt que l’inverse » : « Je ne dis pas qu’ils ont gagné, c’est juste un pas de côté pour les emmener dans une autre direction.« 

Pour Bertrand Lambert, cette médiatisation, même négative, « c’était un super thermomètre » : « Je regrette que les médias n’aient retenu que les cinq personnes qui ne le portaient pas à chaque fois. Ce n’était pas du tout mon souhait. Cela a permis malgré tout de mettre ce sujet à la une de l’actualité. Il fallait que tout le monde prenne position sur ces questions d’homophobie. Tous ceux qui, depuis des années, se mettaient la tête dans le sable en disant que cela n’existait pas, ne pouvaient plus occuper ce poste. On voyait bien qu’il y avait de l’homophobie dans le football. »

Depuis fin 2021, la LFP, en partenariat avec les différentes associations, a mené 89 ateliers de sensibilisation auprès de 32 clubs professionnels. C’est sur ce terrain que doit se concentrer le combat pour Yoann Lemaire : « L’essentiel est d’aller en club le reste de l’année. C’est un travail de longue haleine. Le travail de sensibilisation, d’éducation, c’est le plus important.”

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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