L’Unédic, qui gère l’assurance chômage, a annoncé mardi des prévisions financières revues à la baisse, au moment où les partenaires sociaux relancent de délicates négociations sur les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi et de l’emploi des seniors.
L’organisme paritaire, qui a présenté ses prévisions pour 2027, prévoit 300 millions d’euros d’excédents en 2024. Un montant revu à la baisse par rapport à ses dernières prévisions de juin (+900 millions).
Le solde serait alors de 1,8 milliard d’euros en 2025, puis de 3,5 milliards en 2026 et de 9,4 milliards en 2027, à condition pour cette dernière année qu’il n’y ait plus de prélèvements gouvernementaux. sur les comptes du régime.
Car « au-delà du contexte économique dégradé, l’équilibre du régime est affecté » par ces prélèvements de l’État – sous forme de moindres compensations d’exonérations –, souligne l’organisation. Pour 2024, « cela aurait été 3,1 milliards sans ces prélèvements ».
Dans ce contexte, l’Unédic peine à rembourser sa dette, qui atteindrait « 44,3 milliards en 2027 ». « Elle aurait été de 31,3 milliards sans les prélèvements de l’Etat », indique l’organisation, précisant que « cette dette inclut toujours la +dette Covid+ », quand l’Unédic avait pris en charge les mesures d’urgence de soutien au marché du travail à hauteur de 18,1 milliards.
Le président de l’Unédic Jean-Eudes Tesson (Medef), a souligné lors d’un point presse l’impact des décisions de l’Etat sur les comptes du régime, citant notamment cette « dette Covid », les exonérations partielles de non-indemnisation ou encore le cas des transferts transfrontaliers. salariés qui représentent un surcoût d’environ 800 millions d’euros par an pour l’assurance chômage.
Ce dernier sujet « est l’illustration d’un ras-le-bol grandissant que nous avons », a-t-il souligné, citant également la « dette Covid » ou encore « le financement de France Travail » (11% des recettes actuellement).
– « Pas une paille » –
Patricia Ferrand (CFDT), vice-présidente de l’Unédic, a également invité l’Etat à être « plus actif » dans les négociations européennes sur ce sujet des travailleurs frontaliers, qui n’est « pas une paille ».
Les nouvelles prévisions sont publiées alors que syndicats et organisations patronales ont entamé à midi un nouveau cycle de négociations sur les règles de l’assurance chômage et de l’emploi des seniors, dans le but d’aboutir à une conclusion avant le 15 novembre.
Les nouveaux chiffres ne « changeront pas le cours des choses », mais les négociateurs devront ajuster leurs données, a estimé M. Tesson.
Les partenaires sociaux ne partent pas d’une feuille blanche, mais d’un accord conclu en novembre 2023. Il n’avait pas été validé par le gouvernement faute de dispositions sur les seniors.
Signé par la CFDT, FO, la CFTC et les organisations patronales au terme de négociations difficiles, l’accord de novembre prévoyait notamment une amélioration des conditions d’accès à l’assurance chômage (avoir travaillé au moins cinq mois et non six au cours des 24 derniers mois). et une réduction des cotisations patronales de 4,05% à 4% du salaire brut.
Les signataires avaient prévu à l’avance le volume des économies à réaliser sur le chômage des seniors : 440 millions d’euros sur la période 2024-2027.
Ces économies devaient être réalisées en relevant de deux ans les seuils d’âge donnant droit à une période d’indemnisation plus longue. Mais les négociations de haut niveau ont échoué en avril.
Les partenaires sociaux se remettent donc au travail sur l’assurance chômage, mais dans un contexte budgétaire extrêmement contraint : la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet leur a demandé de trouver 400 millions d’euros d’économies supplémentaires par an.
Sur l’emploi des seniors, syndicats et employeurs ont été particulièrement invités à travailler sur les moyens de favoriser la retraite progressive, encore peu répandue en France. Sur ce sujet, qui a été une des raisons de l’échec des discussions en avril, les syndicats ont réclamé au printemps qu’ils soient légalement accessibles dès 60 ans.
publié le 22 octobre à 17h04, AFP