Trois accords d’un coup : le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus à s’entendre ce jeudi soir sur de nouvelles règles sur l’assurance chômage et l’emploi des seniors, avec en prime un accord sur les parcours syndicaux.
« Nous avons réussi, après une négociation éclair, à aboutir ce soir »a salué le représentant du Medef Hubert Mongon à l’issue des échanges, constatant un « majorité d’avis favorables » sur les accords, « avec des nuances ».
Outre les règles d’indemnisation des chômeurs qui doivent s’appliquer à partir de 1er janvier et des mesures visant à promouvoir emploi des seniorsles partenaires sociaux se sont mis d’accord sur un troisième accord sur dialogue social.
Première à prendre la parole, la délégation CFDT « donne un avis favorable sur les trois textes »a indiqué le négociateur Olivier Guivarch, son homologue de la CFTC Frédéric Belouze faisant également savoir que sa délégation « défendra favorablement ces trois accords devant ses autorités ». La CGT s’est montrée nettement plus réticente, la négociatrice Sandrine Mourey déplorant que sur l’assurance chômage, « ça frappe fort »et pointant vers l’emploi des seniors « de petits gains mais pas de gros gains » pour les salariés. La CFE-CGC, qui avait déjà indiqué qu’elle ne signerait pas l’accord sur l’assurance chômage, a indiqué via son négociateur Jean-François Foucard qu’elle était favorable aux deux autres textes. FO réserve encore son appréciation sur les trois textes. Les syndicats doivent encore consulter formellement leurs instances.
Le texte sur l’assurance chômage, prévu pour quatre ans, est un avenant à l’accord de novembre 2023 – signé par la CFDT, FO et la CFTC, mais non validé par le gouvernement. En particulier, pour générer des économies, il prévoit réduire les indemnisations des chômeurs transfrontaliers avoir travaillé en Suisse, en Belgique, en Allemagne ou au Luxembourg. Leurs droits sont aujourd’hui calculés sur la base de leurs salaires dans ces pays, nettement plus élevés qu’en France.
Un relèvement de deux ans des limites d’âge donnant droit à des indemnités plus longues, pour tenir compte de la réforme des retraites contestée par les syndicats, est également prévu. Le niveau donnant droit à un maximum de 22,5 mois d’indemnisation passe ainsi de 53 à 55 ans et celui donnant droit à 27 mois de 55 à 57 ans. La mesure devrait rapporter 350 millions sur quatre ans.
« Déshabituation »
Afin de se rapprocher des 400 millions d’euros d’économies supplémentaires demandés aux partenaires sociaux dès 2025 par la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, le patronat a accepté que la réduction de 4,05% à 4% de la cotisation patronale à l’assurance chômage ne n’entrera en vigueur que le 1er mai 2025. Au total, les nouvelles règles permettraient de générer quelque 2,3 milliards d’économies sur quatre ans pour le système d’assurance chômage, selon un calcul de l’Unédic. . Syndicats et patronat ont tenu à s’entendre pour éviter que le gouvernement reprenne les commandes, comme le gouvernement Attal l’avait fait au printemps après l’échec des négociations sur les seniors, en publiant un décret que les syndicats avaient unanimement dénoncé. « violence ».
Les discussions sur l’assurance chômage se sont terminées à midi, mais les négociateurs attendaient que celles sur l’emploi des seniors, tenues dans la foulée, rendent leur verdict. Le patronat a lâché prise dans la soirée, sur un « point dur » des syndicats. Il a immédiatement renoncé à une exonération progressive de cotisations d’assurance chômage pour l’employeur qui recrute un salarié en « contrat de valorisation de l’expérience »une mesure soutenue par la CPME. Ce nouveau contrat spécifique, destiné à faciliter l’embauche des chômeurs âgés, demeure néanmoins. Le salarié peut être automatiquement mis à la retraite dès qu’il a droit à une pension à taux plein. « C’est difficile de rompre avec cette habitude » sur les exonérations de cotisations, a ironisé Denis Gravouil (CGT).
Le texte entend également favoriser les départs à la retraite progressifs, peu répandus. Accessible dès 60 ans et permettant au salarié de travailler à temps partiel tout en continuant à cotiser à taux plein pour sa retraite, le système ne devient cependant pas un droit auquel l’employeur ne pourrait plus s’opposer, comme l’auraient souhaité les syndicats. .
Enfin, le troisième accord, « tombé un peu du ciel »dit un négociateur, vise à ouvrir des négociations sur la voie syndicale et à demander au gouvernement de légiférer pour permettre aux représentants du personnel d’exercer plus de trois mandats.