En janvier, la France a pris la tête de la coalition « Artillerie pour l’Ukraine » et s’est fixé pour objectif de livrer jusqu’à 78 CAESAr (Camion équipé d’un système d’artillerie de 155 mm) à l’armée ukrainienne, en plus des 49 exemplaires déjà fournis (30 extraits de l’inventaire de l’armée et 19 transférés par le Danemark).
« Notre initiative vise à produire 78 CAESAr en 2024, incitant les Européens et nos alliés à partager la facture. La France lancera des financements pour former les autres. L’Ukraine elle-même est prête à apporter une petite partie de ses ressources : elle vient d’acheter 6 CAESAr sur ses fonds propres pour lancer l’initiative. Ce système devrait fonctionner aussi pour les munitions», a expliqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, dans les pages du quotidien Le Parisien.
Outre les 6 CAESAr commandés par Kiev, Paris financera 12 autres exemplaires (pour une cinquantaine de millions d’euros), les 60 restants devant être financés dans le cadre de la coalition « artillerie pour l’Ukraine ». Le Danemark a récemment promis une participation financière.
Pour honorer cet engagement (et d’autres commandes, dont celles passées par le Ministère des Armées pour les besoins de l’Armée), Nexter (ou KNDS France) et ses sous-traitants, dont Arquus (châssis) et Aubert & Duval (acier), s’étaient auparavant mis en état de fonctionner pour produire jusqu’à six CAESAr par mois. Soit trois fois plus qu’en 2022.
Ainsi, le carnet de commandes étant plein, Nexter s’est inspiré des procédés mis en œuvre par l’industrie automobile, en mettant en place des chaînes d’assemblage. Par ailleurs, elle a constitué des stocks auprès de ses fournisseurs afin de se prémunir contre d’éventuelles ruptures d’approvisionnement. Une telle organisation a l’autre avantage de réduire les délais de livraison… ce qui peut être un avantage pour remporter d’autres contrats à l’export.
Mais il est évidemment question d’aller encore plus loin, en doublant encore la cadence de production. C’est en effet ce qu’a assuré M. Lecornu, aux côtés d’Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, lors d’une visite au siège de Nexter à Satory.
Le canon « CAESar est devenu le symbole de cette coalition d’artillerie, avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois puis désormais six par mois. Nous augmenterons la production jusqu’à 12 armes par mois dans les prochains temps », a déclaré le ministre. « C’est ce qui montrera notre capacité à répondre aux besoins de l’Ukraine mais aussi de tous les partenaires européens, membres de l’Otan, (…) qui sont en train de se doter de systèmes d’armes, voire de contribuer à la défense et à la dissuasion collectives », il ajouta.
Les propos de M. Lecornu font référence à ceux qu’il avait tenus le 26 mars, lors d’une conférence de presse consacrée à « l’économie de guerre ». « Les commandes passées auprès des constructeurs s’accélèrent (…). Mais pour la première fois, nous avons raté des contrats, notamment en Europe de l’Est, où les critères de délai de livraison priment sur le prix », a-t-il déclaré.