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Dans la bande de Gaza, surveillance massive de la population par le Hamas – Libération

Le quotidien américain « The New York Times » a obtenu sept dossiers des services de renseignement du mouvement islamiste entre 2016 et 2023. Via un vaste réseau d’informateurs, le Hamas a compilé des informations sur des milliers de Palestiniens et les a exploitées. a été utilisé pour les intimider.

À l’intérieur de la bande de Gaza, manifester, critiquer le gouvernement ou même entretenir des relations amoureuses suffit à finir dans les dossiers des renseignements de la Sécurité générale du Hamas. Avant que la guerre avec Israël n’éclate, le mouvement islamiste palestinien continuait à scruter les actions de la population gazaouie, ne tolérant pas le moindre écart de soutien à son égard. Ce lundi 13 mai, une enquête du journal américain Le New York Times révèle l’étendue de cette surveillance mêlée d’oppression des civils, qui va jusqu’à pénétrer la vie privée des Palestiniens.

Censure, intimidation, surveillance

Les informations obtenues par le quotidien rassemblent sept dossiers des services de renseignement du Hamas, allant d’octobre 2016 à août 2023. Ils auraient été saisis par des membres de la direction du renseignement militaire israélien lors des offensives de l’armée à Gaza. Le bureau affirme avoir connaissance de fichiers contenant des informations sur au moins 10 000 Palestiniens. Pour les obtenir, la Sécurité générale du Hamas disposerait d’un vaste réseau d’informateurs dispersés dans toute l’enclave palestinienne. La plupart d’entre eux sont de simples habitants qui dénoncent leurs voisins à la police.

Une présentation des activités du Service général de sécurité, 62 diapositives, témoigne de la volonté des dirigeants du Hamas de tout faire pour contrôler la société civile dans l’enclave palestinienne. Officiellement, cette unité a pour objectif de « protéger les membres, les biens et les informations du Hamas », et être un soutien dans les décisions politiques. En effet, on retrouve dans cette présentation, des notations sur les différentes manières de réprimer les manifestations, notamment celles de 2023 qui dénonçaient sous la bannière « Nous voulons vivre », les pénuries d’électricité et la cherté de la vie. Plutôt que de recourir à la violence physique, le Service général de sécurité a eu recours à la censure, à l’intimidation ou à la surveillance pour contenir les foules.

Comme la « Stasi » en Allemagne de l’Est

Les documents à la disposition du New York Times démontrer que des Palestiniens sont répertoriés dans ces fichiers simplement pour avoir participé à telle ou telle manifestation, ou pour avoir critiqué publiquement le Hamas. Dans d’autres cas, certains civils ont été suivis et espionnés pour vérifier s’ils avaient des relations extraconjugales. Toutes les personnes soupçonnées de comportement immoral sont pourchassées. Les journalistes et les organisations étrangères sont également dans le collimateur du Hamas. « Ce service de sécurité générale ressemble au Stasi est-allemande (qui a fonctionné de 1950 à 1990, ndlr)», » compare Michael Milshtein, un ancien officier du renseignement militaire israélien spécialisé dans les affaires palestiniennes. Selon ces propos, cités par le journal américain, dans la bande de Gaza, « il y a toujours un œil sur la rue ».

Ehab Fasfous, journaliste basé en territoire palestinien, en a payé le prix. L’homme de 51 ans est répertorié dans les dossiers des renseignements obtenus par le New York Times comme étant l’un des « principaux détracteurs du mouvement Hamas ». « Nous pensons qu’il est nécessaire de le surveiller car c’est une personne négative, pleine de haine, qui ne fait que souligner les défauts de la bande (de Gaza) », écrivent les auteurs du Service Général de Sécurité. « Si vous n’êtes pas avec eux, vous devenez athée, infidèle et pécheur. » » s’est défendu Ehab Fasfous.

S’il reconnaît avoir critiqué le Hamas en ligne, il affirme avoir été arrêté alors qu’il se rendait à une manifestation en août dernier – information également contenue dans son dossier. Les policiers ont confisqué son téléphone et envoyé des messages coquins à un collègue. « Ils voulaient m’accuser de violer les mœurs » dit-il, avant de noter : « Nous sommes confrontés aux bombardements de l’occupation (israélienne) et à la répression des autorités locales. »

Aucun document consulté par le New York Times date de la période qui a suivi la guerre entre le Hamas et Israël, qui a débuté le 7 octobre 2023. Le fonctionnement du Service général de sécurité est actuellement inconnu, car Israël a porté un coup sévère aux capacités militaires et aux bureaux administratifs du Hamas.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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