« Arrêtez de nous tuer » : que se passe-t-il au Portugal, en proie à de violentes émeutes depuis une semaine ?
Depuis mardi 22 octobre 2024, d’importantes émeutes secouent les quartiers défavorisés de Lisbonne au Portugal. Ce samedi 26 octobre, des milliers de personnes ont manifesté. Ce qu’il faut savoir sur la situation.
Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Lisbonne pour protester contre les violences policières et le racisme, après une semaine de troubles en banlieue déclenchés par la mort d’un homme noir tué par la police.
« Pas de paix sans justice », « violences policières, héritage colonial »» ont scandé les manifestants alors qu’ils défilaient pacifiquement sur l’avenue principale du centre de Lisbonne.
« Arrêtez de nous tuer », « Le racisme tue » Ou « les vies des noirs comptent »pouvait-on lire sur certains panneaux brandis.
Le policier mis en examen
Plusieurs quartiers défavorisés où vivent d’importantes communautés immigrées ont connu cette semaine des violences urbaines, rares au Portugal, déclenchées par la mort dans la nuit de dimanche à lundi d’un homme de 43 ans originaire du Cap-Vert, une des anciennes colonies. Africains du Portugal.
Odair Moniz a été abattu après avoir tenté de fuir la police et tenté d’attaquer les policiers avec des couteaux, selon la version policière, remise en question depuis par plusieurs articles de presse.
Agé de 20 ans, le policier qui l’a tué de deux balles a été mis en examen pour homicide, rapportent les médias locaux.
Les manifestants témoignent
« Odair était un bon père de famille, quelqu’un apprécié de toute sa communauté »Luis Gomes, un manifestant de 30 ans qui habite le quartier où vivait la victime, a déclaré à l’AFP.
« Nous ne jugeons pas les gens sur la couleur de leur peau. Je sais que ce n’est pas facile pour la police, mais elle doit être mieux préparée. Personne n’a le droit de tuer qui que ce soit. »» a ajouté cet agent de sécurité privé.
« Tout cela m’attriste »» a confié José Rosa, un Cap-Verdien de 58 ans vivant au Portugal depuis sa petite enfance. « Ce n’est pas la première fois qu’un de nos jeunes est tué et il n’y a pas de justice »a-t-il ajouté, regrettant également les violences de cette semaine.
« Décoré, pas inculpé »
Le parti d’extrême droite Chega, qui a fait une nouvelle percée lors des élections de mars, avait également convoqué samedi une manifestation de soutien à la police qui, selon les médias locaux, a rassemblé environ 200 personnes.
Son président, André Ventura, a déclaré cette semaine que le policier qui a tué Odair Moniz devait être « décoré, pas inculpé ».
