Arrêt maladie pour burn-out contesté
La décision n° 469089 du Conseil d’État s’est prononcée sur une affaire remontant à plusieurs années dans laquelle un employeur contestait l’arrêt de travail accordé à l’un de ses salariés. L’affaire en question a débuté en 2017, lorsqu’un médecin, Mme C…, a prescrit un arrêt de travail pour burn-out à un salarié de l’entreprise Envie 2 E Lorraine. L’employeur, contestant la légitimité de ce jugement, a porté plainte devant les autorités disciplinaires de l’ordre des médecins, accusant Mme C… d’avoir délivré une « attestation de complaisance », en violation de l’article R. 4127-28 du Code de procédure pénale. code de la santé publique. Cette accusation a donné lieu à une série de décisions disciplinaires à l’encontre de Mme C…, d’abord au niveau régional, puis au niveau national.
En 2022, la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins a confirmé la sanction d’avertissement prononcée à l’encontre de Mme C… par la chambre régionale, estimant qu’elle avait méconnu ses obligations déontologiques. Mme C… a alors porté l’affaire devant le Conseil d’Etat, contestant la qualification d’un « certificat de complaisance » attribué à son diagnostic de burn-out.
La décision annulée, le diagnostic validé, l’arrêt maladie pour burn-out était valable
Le Conseil d’Etat, après une analyse approfondie des pièces du dossier et des recommandations de la Haute Autorité de Santé, a annulé la décision de la chambre disciplinaire nationale, estimant que la mention du burn-out ne constitue pas un certificat de complaisance. Il a jugé que les symptômes rapportés par la patiente et le diagnostic établi par Mme C… étaient conformes aux pratiques médicales. et les obligations légales de mentionner les éléments médicaux justifiant l’interruption de travail.
Le haut tribunal administratif a également condamné la société Envie 2 E Lorraine à verser une somme de 3 000 euros à Mme C… pour couvrir les frais de justice. Cette décision réaffirme la légitimité des arrêts de travail pour cause d’épuisement professionnel, en les reconnaissant comme une réponse appropriée aux symptômes de l’épuisement professionnelet non comme un abus ou une complaisance.
Quelles implications pour les salariés, les médecins et les entreprises ?
Pour les employés
Cette décision renforce la protection des salariés souffrant de burn-out, en garantissant que leur droit à l’arrêt de travail soit reconnu et respecté par leur employeur.. Il souligne l’importance de reconnaître l’épuisement professionnel comme une pathologie grave, nécessitant des soins adéquats pour permettre aux travailleurs de se rétablir et de retrouver leur bien-être.
Pour les médecins
Les médecins se sentent désormais plus en sécurité dans leur pratique, sachant que leurs diagnostics de burn-out seront reconnus par les instances disciplinaires et les tribunaux administratifs. Cela leur permet d’avoir une plus grande confiance dans leur jugement clinique et les libère de la crainte de sanctions disciplinaires en cas de diagnostics fondés.
Pour les entreprises
Les entreprises doivent désormais accepter les arrêts de travail pour burn-out comme légitimes et non contestables sous prétexte d’attestations de complaisance. Cela passe par l’adaptation de leurs politiques internes de gestion du personnel et de prévention des risques psychosociaux. Les employeurs sont encouragés à travailler plus étroitement avec les services de santé au travail pour identifier et prévenir les causes de l’épuisement professionnel, afin de promouvoir un environnement de travail sain et durable.
Une décision saluée de toutes parts
La décision du Conseil d’Etat a été largement saluée par les fédérations de médecins, qui y voient une reconnaissance de leur expertise et de la réalité du burn-out en tant que maladie professionnelle.. Les syndicats de salariés saluent également cette avancée, qui protège les travailleurs vulnérables confrontés à des conditions de travail difficiles.
Mais cette décision pose également des défis au système de santé et de sécurité sociale, notamment en termes de coûts et de gestion des arrêts maladie. Des efforts concertés seront nécessaires pour équilibrer la reconnaissance des droits des travailleurs et la viabilité économique des entreprises et des institutions de sécurité sociale.