Arrestation de Pavel Durov : vague de cyberattaques et réactions publiques en soutien au patron de Telegram

Au lendemain de son interpellation à l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis) pour diverses atteintes à son service de messagerie privée, le patron de Telegram, Pavel Dourov, était toujours en garde à vue dimanche. Depuis sa cellule, il n’imagine peut-être pas que son arrestation va susciter des manifestations de soutien à son égard, des cyberattaques visant des sites français aux réactions de personnalités politiques ou du monde de la tech.

Des groupes de hackers soutenant Pavel Dourov ont revendiqué dimanche des attaques par déni de service distribué (DDOS), qui visent à rendre un serveur inaccessible en envoyant de multiples requêtes jusqu’à le saturer. Plusieurs sites français (Confédération paysanne, ANSM, Doctolib, la Voix du Nord et le site du service public) ont été ralentis voire rendus temporairement indisponibles dans la journée.

Clément Domingo, alias SAAX, ingénieur en cybersécurité, assure au Parisien que ces attaques ont été « essentiellement menées par des groupes pro-russes », citant les collectifs de hackers UserSec, RipperSec, Holy League et Cyber ​​Army Now, qui ont revendiqué leurs actes sur Telegram. L’expert suppose qu’il faut s’attendre à « une probable intensification de ces attaques dans les heures et les jours à venir ».

Appels à la libération de Pavel Durov

Le milliardaire franco-russe peut aussi compter sur le soutien moins virulent de personnalités publiques, dont celui d’un autre milliardaire, mais issu de la Silicon Valley, en la personne d’Elon Musk. « #FreePavel », le patron de la plateforme a publié sur X (ex-Twitter), avant de publier un nouveau message en français disant « Liberté. Liberté ! Liberté ? ».

Dans la même veine, le PDG de la plateforme vidéo Rumble a indiqué sur X Les Français ont « fui l’Europe » après l’arrestation de Durov, appelant à sa libération. Pour Chris Pavloski, fondateur de cette plateforme complotiste prisée par l’extrême droite américaine, la France a « franchi une ligne rouge en arrêtant le PDG de Telegram pour ne pas avoir censuré les discours ».

Sur le plan politique, l’ancien candidat indépendant à la présidence américaine Robert F. Kennedy Jr, qui vient de rallier Donald Trump, a affirmé sur X que « la nécessité de protéger la liberté d’expression n’a jamais été aussi urgente ».

En Russie, où Telegram est l’un des réseaux sociaux les plus utilisés avec des chaînes pouvant compter plusieurs centaines de milliers d’abonnés, une manifestation de soutien s’est également tenue ce dimanche devant l’ambassade de France à Moscou. Les participants ont déposé des avions en papier symbolisant le logo du service de messagerie Telegram devant le bâtiment.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova a déclaré que « l’ambassade de Russie à Paris s’est immédiatement mise au travail, comme c’est la coutume » dans les cas de détention de citoyens russes à l’étranger.

Elle a également rappelé que de nombreuses ONG internationales avaient condamné la décision d’un tribunal russe de bloquer Telegram en 2018, une décision qui n’a jamais été pleinement mise en œuvre. « Pensez-vous que cette fois-ci, ils feront appel, exigeront la libération de Dourov ou se tairont ? », a-t-elle demandé sur sa page Telegram.