ESPACE – Lentement mais sûrement, le nouveau colosse s’est levé. Le premier exemplaire d’Ariane 6, la dernière-née du spatial européen, a été décollé mercredi 24 avril sur son pas de tir, à la base de Kourou en Guyane, où HuffPost. Ce que l’on appelle la verticalisation est un moment essentiel, veillé par tous les chefs de projet présents sur la base, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.
« C’est particulièrement fort. L’aboutissement de dix années de travail », confie au HuffPost, à quelques dizaines de mètres du lanceur, Carine Leveau, directrice du transport spatial au CNES (centre national d’études spatiales). L’élément central de la fusée est le premier à être mis en place, avant d’être rejoint les jours suivants par les propulseurs (les deux réacteurs remplis de poudre qui l’accompagnent pour échapper à la gravité terrestre), puis la calotte et son chargement plusieurs semaines plus tard. Le lanceur européen sera alors prêt pour son lancement inaugural au début de l’été… Ce qui n’arrive pas trop tôt.
28 vols déjà prévus
Effet conjugué du Covid et de diverses pannes techniques, le lanceur a en effet accumulé quatre ans de retard par rapport à la date initialement prévue pour le premier lancement. Ariane 6 incarne cependant une modernisation prudente, moins une révolution qu’une simplification, qui permet un coût de construction 40 % inférieur à celui de son prédécesseur.
Mais ces changements, notamment la construction du nouveau stand de tir sur un terrain récalcitrant, ont pris plus de temps que prévu, et bien sûr, la pandémie s’y est mêlée. Résultat, le lanceur amarré à la base de Kourou arrive un an après le dernier lancement d’Ariane 5, et dans un contexte où SpaceX remporte une part énorme des lancements commerciaux. « Le lancement d’Ariane 6 est prévu un peu moins de 10 ans après le lancement du programme (…) c’est assez courant », précise Franck Huiban, directeur des programmes chez Arianegroup.
Néanmoins : pour Ariane 6, il faudra montrer que l’offre spatiale européenne est toujours compétitive, et conserver l’héritage du succès de son prédécesseur Ariane 5. La tâche est lourde, sans être impossible. Car la fusée a déjà un trésor de guerre : le carnet de commandes est plein, extrêmement plein, pour le lanceur.
« Nous avons déjà 28 missions prévues même si nous n’avons pas encore volé »a déclaré François Deneu, directeur du programme Ariane 6, à HuffPost. Commandes institutionnelles, constellation Kuiper sous l’égide d’Amazon, le lanceur est déjà en bonne voie avec un rythme initial d’un lancement par mois, avant d’accélérer la cadence… S’il décolle dans quelques semaines depuis la Terre sans problème.
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