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Argentine : deuxième grève générale contre un Milei imperturbable et satisfait de lui – 09/05/2024 à 18:49

Un homme marche devant des affiches annonçant la grève générale à Buenos Aires, le 9 mai 2024 (AFP / Luis ROBAYO)

Un homme marche devant des affiches annonçant la grève générale à Buenos Aires, le 9 mai 2024 (AFP / Luis ROBAYO)

Une journée lente mais pas figée. L’Argentine a connu jeudi sa deuxième grève générale en à peine cinq mois du gouvernement de Javier Milei, signe que la rue hausse significativement le ton face au président ultralibéral, qui maintient toujours son programme d’austérité, avec des premiers résultats ambivalents.

Pas de trains, pas de métro, peu de bus, des écoles et des banques fermées… la capitale Buenos Aires sonnait creuse jeudi, sans une bonne partie des 3 millions de personnes qui y transitent chaque jour. Mais pour autant, avec un grand nombre de commerces et de restaurants ouverts, et une circulation qui s’apparente à un week-end ou un jour férié… ce qui n’était pas le cas en Argentine en ce jour de l’Ascension.

Quelque 400 vols ont été annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien. Mais les compagnies aériennes low cost opéraient depuis l’aéroport de Buenos Aires.

« La grève n’a pas de force », a affirmé la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, qui a dénoncé les jets de pierres sur les bus qui circulaient, un « aveu de faiblesse » selon elle. Son homologue des Transports lui a indiqué que le service des transports publics fonctionnait à 40 %.

Un homme traverse l’avenue 9 de Julio à Buenos Aires, désertée par les automobiles et les transports publics en ce jour de grève générale, le 9 mai 2024 (AFP / Luis ROBAYO)

La grève « contre un ajustement brutal, pour la défense des droits du travail, des droits syndicaux et d’un salaire décent », lancée par plusieurs syndicats semblait en tout cas bien plus suivie que celle du 24 janvier (12 heures seulement), un semi-échec moqué. par le gouvernement comme « la grève la plus rapide de l’histoire », annoncée en décembre, 18 jours après l’investiture de Milei.

Cette fois encore, la présidence a dénoncé une grève « strictement politique » des syndicats qui va « à l’encontre de ce pour quoi les gens ont voté il y a cinq mois ». « Ce gouvernement a eu plus de grèves que de réformes, c’est assez extravagant », a ironisé le porte-parole présidentiel.

– Des supports toujours forts –

Les transports publics à l’arrêt à Buenos Aires en ce jour de grève générale, le 9 mai 2024 (AFP / Luis ROBAYO)

Mais l’impact politique devrait s’avérer moindre que les grandes marches de défense de l’université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), la plus forte mobilisation hostile à Milei jusqu’à présent, et « une leçon pour lui : la première fois qu’il a frappé un mur dans l’opinion publique, car il s’agissait d’un bien collectif et transversal », estime le politologue Gabriel Vommaro.

Mais « pour cette raison, il ne faut pas surinterpréter cela », s’empresse d’ajouter l’analyste auprès de l’AFP. Car, élu comme un « homme providentiel venu résoudre des problèmes que les élites précédentes avaient laissé traîner », Milei « conserve dans l’opinion publique des noyaux de soutien indemnes, ou du moins assez solides ».

En effet, malgré un léger changement en avril, plusieurs sondages récents voient Milei osciller entre 45 et 50 % d’image positive – il a été élu avec 56 %.

Une forme de stabilité spectaculaire pour un dirigeant qui a infligé en quelques mois, entre dévaluation, libération des prix, « coupure » des dépenses et aides publiques, « le plus grand ajustement de l’histoire de l’humanité », comme aime à le rappeler l’anarcho-capitaliste. personnes.

Evolution sur un an de l’indice des prix à la consommation en Argentine, depuis janvier 2020 (AFP / Gabriela VAZ)

Par ailleurs, le corrosif Milei, « sans changer sa personnalité et son discours agressif », suit « un apprentissage politique », estime Rosendo Fraga, politologue à l’Académie des sciences morales et politiques.

A ce titre, l’adoption fin avril (au moins à la Chambre basse) de son ensemble de réformes dérégulatrices, un projet amendé, resserré et planifié, est « importante » : elle montre un Milei « plus flexible dans la pratique, assouplissant les règles ». « idéologie », et qui « peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force » de 37 députés sur 257.

– Quel plan après les économies ? –

Selon qu’ils se concentrent sur l’équilibre des comptes, la réduction du risque pays ou sur l’impact micro-social, les pertes d’emplois, l’opposition et le gouvernement se jettent des indices à la face.

Inflation décélérant de 25% pour le seul mois de décembre aux 9% prévus pour avril, ou récession inquiétante avec -3,2% de baisse de l’activité sur un an. « Exploit historique » (dixit Milei) d’un budget avec un excédent au premier trimestre jamais vu depuis 2008, ou un sombre record de pauvreté (41,7% officiellement) à des niveaux jamais vus depuis 2006.

Vue aérienne d’arrêts de bus vides devant la gare Constitucion, habituellement très fréquentée, le 9 mai 2024 à Buenos Aires, jour de grève générale (AFP / Luis ROBAYO)

« Sacrifice inutile », dénonce l’ancienne présidente Cristina Kirchner. « Notre plan fonctionne », claironne Milei. Mais les économistes, y compris les libéraux, s’inquiètent de « la suite ».

« Milei n’a (…) qu’une seule variable en tête : l’inflation », a déclaré Carlos Rodriguez, autrefois proche du nouveau président. « Le plan d’ajustement consiste simplement à ne rien payer, avec ces premiers mois une réduction des coûts dans tous les secteurs. » Mais, a-t-il dit, « je ne vois pas de plan ».

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