Argentine : après l’ivresse de la victoire, Javier Milei travaille sur son futur gouvernement
Publié le 21 novembre 2023 à 6h45
Après le tremblement de terre provoqué par l’élection de Javier Milei à la présidence de l’Argentine, le flou autour de sa future gestion du pays s’est un peu dissipé. Profitant d’un calme étrange en ce lundi férié, jour de la « souveraineté nationale », le futur leader a fait quelques annonces en attendant une réunion avec le gouvernement actuel pour organiser la transition jusqu’à sa prise de pouvoir, le 10 décembre.
Dès lundi matin, le président élu a également dévoilé ses premières mesures : la réorganisation de l’État et les premiers pas vers une dollarisation de l’économie, ou du moins une libre concurrence entre les monnaies utilisées en Argentine, à long terme. , éliminer la banque centrale.
Il a également ratifié sa feuille de route libérale : « Tout ce qui peut être privatisé le sera », a-t-il déclaré dans une interview à Radio Mitre. À commencer par tous les médias publics, dont l’agence de presse nationale Telam, dans laquelle il voit un « mécanisme de propagande ». « Pendant la campagne, 75% du temps où notre espace politique a été discuté, cela a été fait de manière très négative, ajoutant à une campagne injuste, la campagne de la peur », a déclaré le futur président.
Javier Milei a également annoncé qu’après une restructuration, l’entreprise publique de production et de fourniture d’hydrocarbures, YPF, serait mise en vente. A l’ouverture lundi des marchés à Wall Street, anticipant une future privatisation, les actions du groupe pétrolier ont bondi de 43%.
« Nous allons surprendre »
Depuis l’annonce de sa victoire, la question de la composition de son futur gouvernement était sur toutes les lèvres. En effet, le futur président n’avait quasiment rien laissé filtrer de ses intentions durant sa campagne, hormis quelques portefeuilles qui reviendront à de proches collaborateurs de son parti, parmi les plus fidèles.
Pour le reste, « nous allons surprendre avec l’équipe que nous allons former. Nous sommes en train d’intégrer des spécialistes des différentes parties. Les plus talentueux seront là», a-t-il assuré. En effet, Javier Milei a confirmé pour son équipe des hommes politiques aguerris, incarnations de cette « caste politique » contre laquelle lui, candidat « hors système », a fait campagne.
De nouvelles alliances qui répondent à plusieurs exigences pour le libertaire. Tout d’abord pour pallier les carences de son parti politique, La Libertad Avanza, créé en 2021, qui manque cruellement de cadres formés et expérimentés pour intégrer un gouvernement.
Des alliances en vue
Javier Milei devrait également intégrer plusieurs noms suggérés par l’ancien président de droite Mauricio Macri (2015-2019) dans des portefeuilles clés, notamment au ministère de l’Economie. Ce dernier lui a apporté un soutien essentiel dans sa victoire. Un soutien indispensable mais qui ne suffira cependant pas à assurer une majorité.
En effet, avec seulement 38 députés et sept sénateurs, le futur président devra s’assurer du soutien des autres forces politiques pour faire approuver ses propositions radicales par le Congrès argentin et ne pas être contraint de gouverner par décrets.
Des alliances d’autant plus cruciales que, selon la politologue de l’Université nationale de San Martín, Lucía Vincent, « l’Argentine est un pays où les mobilisations sociales sont nombreuses. Les syndicats, acteurs des mouvements sociaux, descendront très certainement dans la rue, ouvrant une période de conflit social très fort. Nous devons voir s’il parviendra à former un gouvernement doté précisément de cette gouvernabilité.»
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