« Archipels » d’Hélène Gaudy : « Si j’avais dit dès le départ que j’allais écrire un livre sur mon père, je ne l’aurais pas écrit »
Hélène Gaudy avait emmené ses lecteurs en voyage dans les régions arctiques, sur les traces d’une expédition polaire, dans l’ancienne ville fortifiée tchèque devenue le camp de Terezin ou, plus près de chez elle, sur les rives indistinctes du lac de Grand-Lieu. Des textes centrés sur la géographie ou l’histoire, dont on ne perçoit guère le côté intime. Archipels est donc une surprise. L’auteure explore un nouveau territoire : son père, avec lequel elle a peu parlé. Elle va donc faire parler les objets qu’il a accumulés pour reconstituer, à travers cette écriture matérielle, le roman de sa vie.
D’où vient l’idée de ce livre ?
Si je m’étais dit dès le départ que j’allais écrire un livre sur mon père, je ne l’aurais pas écrit. C’est la découverte de cette île, qui s’appelle Jean-Charles comme lui et qui est en passe de disparaître, qui a été le déclencheur, ainsi que la phrase de Perec que j’ai mise en épigraphe du livre. « Il y aurait une île là-bas, à l’autre bout du monde. » C’est cette rencontre qui m’a fait écrire la première phrase, sans trop savoir ce que j’allais en faire. Et il y a eu un effet d’entraînement, une envie de mieux connaître mon père, de le découvrir. On a partagé beaucoup de choses mais pas de confidences. C’est quelqu’un qui n’est pas du genre à parler, qui m’a toujours dit qu’il n’avait pas de souvenirs d’enfance.
C’est aussi ce que dit Perec…
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