Le procès des assistants des députés du Rassemblement national pourrait-il être reporté ? C’est ce qu’espèrent la défense de Marine Le Pen et du parti d’extrême droite, jugés depuis la semaine dernière aux côtés de 24 autres personnes pour soupçons d’emploi fictif. Ce lundi, leurs avocats ont demandé un report du procès, dénonçant « un élargissement » des faits reprochés lors de l’audience.
Les avocats de la défense sont arrivés lundi armés de leurs « conclusions » et de leurs demandes de renvoi, invitant le parquet à renvoyer à nouveau les juges d’instruction pour qu’ils donnent enfin une « interprétation précise, invariable, intangible » de ce qui doit être jugé.
En cause, trois tableaux que la présidente Bénédicte de Perthuis avait présentés à l’audience pour que chacun « voie clair » dans ce dossier complexe, où l’on parle d’une vingtaine de contrats et d’autant de prévenus, de détournement de fonds publics, de complicité ou de recel, sur une période de plus de 10 ans (2004-2016).
La défense a ainsi découvert que le tribunal avait vu beaucoup plus large qu’il ne le pensait, en retenant tous les contrats de l’époque – non pour reprocher aux prévenus, mais au Rassemblement national, en tant que personne morale et au nom du « système » de gestion des parlementaires. enveloppes qui auraient été mises en place dans la fête.
Cet élargissement se traduit par un bond du préjudice estimé – 4,5 millions d’euros, alors que le Parlement européen, partie civile au procès, parlait de plus de trois millions. Pour le parquet et le Parlement européen, c’est « Euromillions ! », lance l’avocat du Rassemblement national (ex-Front national), Me David Dassa Le Deist.
« L’Euromillions, c’était plutôt pour le FN, de 2004 à 2016 », répond l’avocat du Parlement européen, Me Patrick Maisonneuve, insistant sur le fait que ses estimations n’étaient qu’un « projet » – qu’il ne manquera ni « d’améliorer, et clairement ». », ajoute-t-il avec un sourire gourmand. C’est une « schizophrénie judiciaire », dénonce l’avocat de Marine Le Pen, Me Rodolphe Bosselut, estimant que la leader de l’extrême droite va désormais devoir s’expliquer sur les contrats d’assistante parlementaire pour lesquels elle avait été blanchie après 10 ans d’enquête. Il prévient qu’il dira à son client de ne pas répondre aux questions sur ces contrats.
« Les poursuites ne sont ni imprécises ni imprévisibles », répond d’un air las la procureure Louise Neyton, parlant de « jurisprudence classique » à tous les dossiers s’apparentant à des poursuites multiples. Mais « celui qui ne tente rien n’obtient rien, avec un malentendu ça peut marcher ». Après une brève suspension, le tribunal rejoint le fond, c’est-à-dire qu’il statuera à l’issue du procès. L’audience se poursuit avec les premiers interrogatoires des coaccusés de Marine Le Pen.
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