Après une grosse dérapage, la France promet à l’UE de corriger son déficit budgétaire – 07/10/2024 à 16:11
Le ministre des Finances Antoine Armand, à Matignon pour un séminaire gouvernemental, le 27 septembre 2024 (AFP / Thomas SAMSON)
Le nouveau ministre français des Finances, Antoine Armand, a tenté lundi de convaincre ses homologues européens du sérieux budgétaire de Paris lors d’une réunion à Luxembourg, après un gros dérapage en 2024.
Le budget français pour 2025, qui doit être présenté jeudi, « sera pleinement conforme aux nouvelles règles budgétaires européennes », a-t-il promis lors d’une réunion des 27 ministres.
Report de l’indexation des retraites, fusion de certains services publics, réduction du nombre de fonctionnaires, ou contribution des plus riches à l’effort budgétaire : les mesures déjà évoquées par le gouvernement démontrent les efforts importants à mettre en œuvre pour réduire le déficit d’audience. .
Convaincre les partenaires européens s’annonce tout aussi difficile, car la France s’est écartée du seuil de 3 % du PIB défini par les règles budgétaires de l’UE et est désormais un mauvais élève.
L’objectif affiché est de réduire le déficit de 6,1% cette année à 5% l’année prochaine, avant de passer sous la barre des 3% d’ici 2029, soit deux ans plus tard que ce qui avait été promis par le gouvernement précédent. .
« C’est une trajectoire sérieuse, crédible et ambitieuse pour notre pays afin de respecter pleinement les règles budgétaires de l’UE », a déclaré M. Armand, à son arrivée au Luxembourg, pour sa première rencontre européenne.
Paris avait jusqu’au 31 octobre pour présenter sa trajectoire pluriannuelle des finances publiques, initialement attendue le 20 septembre.
Bruxelles prévoit de publier fin novembre un avis sur les projets des 27 Etats membres.
Le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, s’est félicité lundi de premiers échanges « prometteurs » avec le nouveau ministre français. « Nous reconnaissons tous les difficultés » auxquelles la France est confrontée, a-t-il souligné.
– « On ne plaisante pas avec les marchés financiers » –
Mais le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a prévenu qu’il ne fallait « pas plaisanter » avec « la crédibilité des finances publiques vis-à-vis des marchés financiers ». Il n’a toutefois pas souhaité se prononcer directement sur le sérieux du projet français, dans l’attente des explications du nouveau ministre.
« Nous devons réduire de manière crédible notre déficit et notre dette afin de pouvoir nous financer de manière stable et efficace », a-t-il simplement souligné, faisant implicitement référence aux hausses des taux d’intérêt sur les marchés qui augmentent le coût du financement des pays très endettés. .
Le coût de la dette française a en effet sensiblement augmenté ces derniers mois sur fond d’instabilité politique et de nouvelles révélations sur l’ampleur du déficit laissé par l’ancien ministre Bruno Le Maire.
Le respect des règles européennes « est une question de crédibilité et de souveraineté internationales », a reconnu Antoine Armand.
La dette, à 3.228,4 milliards d’euros fin juin, soit 112% du PIB, a gonflé d’un millier de milliards depuis 2017, date à laquelle Emmanuel Macron est devenu président. Il approchera les 115 % l’année prochaine, soit presque le double du maximum fixé à 60 % par Bruxelles, avant de diminuer progressivement.
Le « freinage » des dépenses publiques est « indispensable, sinon nous nous dirigeons tout droit vers une crise financière », a prévenu vendredi le Premier ministre français Michel Barnier.
La France fait l’objet d’une procédure européenne pour déficit excessif, aux côtés de six autres pays (Italie, Belgique, Hongrie, Pologne, Slovaquie et Malte). L’année dernière, ces pays ont dépassé la barre des 3% fixée par le Pacte de stabilité, qui limite également la dette à 60% du PIB. Ils doivent prendre des mesures correctrices, sous peine de sanctions financières.
Cependant, cette consolidation budgétaire risque de ralentir une croissance économique européenne déjà très faible, alors que l’Allemagne, la première économie de l’UE, est en récession.
M. Armand a affirmé qu’il entendait s’impliquer « personnellement » sur le sujet du « renforcement de la compétitivité » de l’Union européenne. « L’UE est à la traîne de la Chine et des États-Unis dans des domaines stratégiques », a-t-il prévenu, faisant référence aux rapports des deux anciens présidents italiens du Conseil, Mario Draghi et Enrico Letta, publiés cette année.
Il a appelé à « l’approfondissement du marché unique européen » et notamment à « l’Union des marchés des capitaux ». Elle doit contribuer à mobiliser des fonds privés pour financer les transitions numérique et climatique, un « projet fondamental au vu du mur de financement qui se dresse devant nous », a-t-il souligné.