(Article publié le mardi 6 août 2024 à 14h59, mis à jour à 16h03) Les marchés financiers ont toujours l’air morose, mais ont retrouvé davantage de sérénité ce mardi. La veille, un véritable vent de panique s’était emparé des investisseurs à la Bourse de Tokyo, entraînant dans son sillage les marchés financiers d’Europe et des Etats-Unis. A Paris, le CAC 40 tournait autour de l’équilibre en première partie de matinée ce mardi, avant de reculer de 0,60% à 7.088 points vers 15h50 Pour rappel, Il avait perdu 1,42% lundi, clôturant à 7.148,99 points, au plus bas depuis la mi-novembre.
Le même son de cloche s’est fait entendre sur les autres marchés européens : Francfort était en légère baisse, avec le Dax en baisse de 0,29% vers 15h50tout comme l’indice européen Euro Stoxx 50 qui a reculé de 0,32% dans le même temps.
Après avoir terminé en forte baisse lundi, la Bourse de New York jouait de son côté le statu quo à l’ouverture avec le S&P 500 en hausse de 0,51% à 15h30 tandis que son indice technologique (Nasdaq) reculait de 0,025%.
Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt à dix ans des emprunts d’Etat américains s’établissait à 3,81% vers 15h30, contre 3,79% au plus bas lundi. L’emprunt à dix ans français s’établissait mardi à 2,91%, au plus bas de la veille à la mi-journée.
La peur d’une récession aux États-Unis
Les marchés se calment, notamment après l’inquiétude générée suite à la publication d’un rapport sur l’emploi décevant aux Etats-Unis vendredi dernier. Face à un taux de chômage en hausse plus forte que prévu et à un nombre de créations d’emplois inférieur aux attentes, le marché avait craint d’y voir le signal d’un ralentissement trop fort de l’économie américaine, la politique monétaire menée par la banque centrale américaine étant toujours jugée trop restrictive.
Pour rappel, la Réserve fédérale américaine a relevé ses taux à leur plus haut niveau depuis vingt ans. L’objectif affiché est d’endiguer l’inflation, qui a atteint en juin 2022 son plus haut niveau depuis 40 ans, à 9,5% sur un an. A l’approche d’une première baisse des taux, très attendue par les investisseurs, les marchés craignent que la Fed ait trop attendu pour agir, prenant ainsi le risque de plonger l’économie américaine en récession.
» Le changement de tendance » observé sur les marchés mardi » semble coïncider avec les commentaires d’Austan Goolsbee « , le président de la Banque fédérale de réserve de Chicago, qui a déclaré à CNBC la veille que les données sur l’emploi » ça ne ressemble pas à une récession pour le moment » et que la Fed » on pourrait s’attendre à des données supplémentaires avant la réunion de septembre « , soulignent les analystes de la Deutsche Bank.
» Même si nous pensons que les craintes d’une récession sont peut-être exagérées, il n’est pas du tout certain qu’un ralentissement économique puisse être évité. « , nuance Jon Bell, gestionnaire actions chez Newton Investment Management.
» En ce qui concerne les attentes des « grandes banques », il convient de noter que Goldman Sachs a a augmenté ses probabilités de récession sur 12 mois de 15 % à 25 % et s’attend à 3
25 baisses de taux avant la fin de l’année (soit une baisse à chaque réunion) et que JP Morgan parie à 50% sur une récession aux États-Unis avec 2 baisses 50 points de base en septembre et novembre « , note dans une note le spécialiste boursier de la banque Mirabaud, John Plassard.
Mais dans le même temps, l’activité dans le secteur des services aux États-Unis a recommencé à croître en juillet, selon un indicateur publié lundi. Ces données » Cela aurait également pu contribuer à persuader les marchés que le rapport sur l’emploi n’était pas aussi mauvais qu’ils le craignaient. » continue Jon Bell.
Tokyo rebondit à la clôture
A Tokyo, le principal indice boursier, le Nikkei, s’est envolé de 10,23% à la clôture mardi, au lendemain d’une chute de 12,4%, sa plus forte baisse en termes de points de son histoire. Les Bourses chinoises étaient également dans le vert en début de séance. L’indice Hang Seng de Hong Kong était en hausse de 1,05% en début de séance à 16.873,04 points, mais a clôturé en baisse, tout comme celui de Shenzhen
Tokyo a été particulièrement touché par les craintes d’un ralentissement de l’économie américaine et l’issue d’un mouvement spéculatif, appelé « commerce de portage » Le yen est une devise qui consiste à emprunter de l’argent dans la monnaie d’un pays dont la banque centrale pratique des taux bas et à l’investir dans une monnaie offrant un rendement plus élevé. Le yen n’avait pas autant augmenté en une seule séance depuis décembre, lorsque les spéculations sur la fin des taux négatifs de la BoJ étaient nombreuses.
« Nous ne prévoyons pas d’accalmie dans les jours à venir. C’est peu probable. Nous risquons d’avoir une cascade d’appels de marge qui amplifieront la baisse. »avance dans une note Christopher Dembik, conseiller économique chez Pictet Asset Management.
Avant d’ajouter : » Pour se remettre sur les rails, Nvidia devra ne pas décevoir en fin de mois, les rachats d’actions devront reprendre et les banques centrales devront contenir les risques liés aux positions short non récurrentes. couvert sur le yen. Est-ce possible ? Oui. Une reprise boursière en septembre nous paraît être un scénario crédible. »
Le même constat s’applique à la banque privée Lombard Odier. « Nous nous attendons à ce que les marchés boursiers se stabilisent avant le prochain rapport sur l’emploi américain et la réunion de la Fed de septembre (…). Nous nous attendons à ce que les marchés fortement exposés aux semi-conducteurs, comme Taiwan, se stabilisent dans les semaines à venir. »confient dans une note, Michael Strobaek et Nannette Hechler-Fayd’herbe, gérants d’investissement chez Lombard Odier.
(Avec agences)