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après sa plaisanterie sur Netanyahu, le sort de Guillaume Meurice s’est décidé ce jeudi – Libération

L’humoriste de la radio publique s’explique ce jeudi 30 mai devant une commission de discipline et risque une sanction qui pourrait aller jusqu’à la rupture anticipée de son contrat de travail pour « faute grave ». La décision ne pourrait être connue que dans les prochains jours.

Après douze ans sur France Inter, Guillaume Meurice sera-t-il licencié pour avoir qualifié Benjamin Netanyahu, dans un sketch, de «Nazi sans prépuce» ? C’est ce jeudi, à 14h30, que l’humoriste comparaît devant une commission de discipline réunie par la direction de Radio France, qui lui reproche d’avoir réitéré sa plaisanterie malgré un premier avertissement de l’Arcom. Il risque une sanction pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de son contrat de travail pour « faute grave ». Le résultat ne devrait pas être connu immédiatement. « Pas de décision de sanction définitive » ne sera pas « notifié moins de deux jours ouvrés après la tenue de la commission », avait indiqué la direction début mai. L’éventail des possibilités comprend également l’abandon de la procédure, un blâme ou un licenciement de plusieurs semaines avec suspension de salaire.

En six mois, l’affaire du Meurice, qui divise Radio France et les Français, a pris une tournure politique, sur fond de tensions croissantes liées à la guerre à Gaza et à la multiplication des actes antisémites. Tout est parti d’un sketch diffusé le 29 octobre dernier dans l’émission de Charline Vanhoenacker, Super dimanche soirOu Guillaume Meurice imagine pour Halloween un « Costume de Nétanyahou », « une sorte de nazi, mais sans prépuce ». Ce qui fait rire le public sur le plateau mais choque de nombreux auditeurs, qui jugent la plaisanterie antisémite, ainsi que des personnalités politiques et culturelles. Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, est saisi. Les réactions s’emballent. Pascal Praud diffuse l’extrait de sa chronique sur CNews. Meyer Habib, député des Français de l’étranger dont la circonscription comprend Israël, qualifie l’humoriste de « petite vermine antisémite ». Gérard Larcher déclare que « la limite du respect et de la dignité a été franchie ». Le Rabbin Delphine Horvilleur lui propose « temps d’antenne circoncis ».

Ambiance lourde à Radio France

La direction de Radio France se désolidarise de ses propos et exige que l’humoriste s’excuse, ce qu’il refuse. Sibyle Veil, la patronne de Radio France, lui donne un avertissement, non pas tant pour la plaisanterie que pour ne pas avoir parlé après l’émoi qu’elle a provoqué, mais il revient néanmoins à l’antenne. Défendu par les syndicats, le chroniqueur a cependant reçu de nombreuses insultes et menaces sur les réseaux sociaux, au point que l’émission du 12 novembre s’est déroulée sans public. Mais elle est aussi soutenue par les messages de soutien des auditeurs, qui sont un million à écouter « Moment Meurice » chaque dimanche. L’humoriste, de son côté, crie à l’injustice et estime tout simplement avoir fait son travail. A Radio France, l’ambiance se fait plus lourde.

Pour expliquer sa décision, Sibyle Veil a déclaré à ses salariés que « Il n’est pas contraire à la liberté d’expression et au droit à la caricature – auquel nous sommes très attachés – d’appeler au discernement ». Guillaume Meurice se défend : « Je pratique l’humour, la caricature, la satire politique, et la démesure en fait partie. Pour moi, la limite, c’est la loi. et tweetez #JeSuisCharlie. « L’esprit Charlie n’est pas une poubelle qu’on sort du placard quand ça nous arrange, pour y jeter ses propres cochonneries. » répond Riss, directeur de la publication du journal satirique.

Dans une position rare pour une séquence humoristique, Arcom a adressé un avertissement à France Inter le 23 novembre, soulignant l’importance de protéger « Liberté d’expression pour les comédiens » mais en croyant que « dans un contexte marqué par la résurgence des actes antisémites »la séquence a « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle doit entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs ». Guillaume Meurice est également convoqué à une audition libre par la brigade de répression de la délinquance contre les personnes, dans le cadre d’une plainte déposée notamment par l’Organisation juive européenne et Avocats sans frontières. Il est interrogé sur les liens – imaginaires – avec Dieudonné ou sur ce qu’il estime être « le nazi absolu »une convocation qui l’étonne, lui qui se défend contre tout antisémitisme.

« Signe très inquiétant pour la liberté d’expression »

L’histoire s’est effacée, jusqu’au 18 avril, date à laquelle le parquet de Nanterre classe sans suite la plainte déposée contre lui pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » Et « insultes publiques à caractère antisémite ». Quelques jours plus tard, à l’antenne, Guillaume Meurice se félicitait de la décision de justice. Et répète sa blague : « Il y a des choses que nous pouvons dire. Par exemple, si je dis « Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce », c’est très bien. Le procureur a dit que c’était bien cette semaine. On peut faire des mugs, des t-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française. Cette fois, Radio France l’a suspendu de ses antennes le 2 mai et l’a convoqué. à un entretien préalable, en vue d’une éventuelle sanction. Pour Radio France, la réitération de ces propos met en danger l’entreprise, déjà prévenue par l’Arcom. La direction lui reproche également d’avoir répété cette blague « afin de servir ses intérêts personnels » et dénonce « un manque de loyauté envers son employeur ». Ce qui indigne Guillaume Meurice.

Les hommes politiques de tous bords s’en mêlent. Des dirigeants écologistes et insoumis montent au créneau pour la défendre, au nom de la liberté d’expression. « Être Charlie, c’est accepter que les blagues puissent blesser, heurter des convictions, provoquer des interdits. Nous nous sommes levés pour préserver ce droit », a réagi l’écologiste Sandrine Rousseau. Près Libérer, Manon Aubry proteste : « Mais c’est un truc de fou ! Se faire virer pour avoir fait des blagues ?! » Les salariés de France Inter, bien que divisés, notamment ses comédiens, prennent également leur défense, voyant dans cette convocation un « un signe très inquiétant pour la liberté d’expression. » « Nous exigeons que Guillaume Meurice reste à l’antenne sans délai. » » ont déclaré les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter, dans un rare communiqué commun. En signe de protestation, un autre comédien du groupe de Charline Vanhoenacker, Djamil le Shlag, a démissionné en direct. Une grève contre sa suspension a eu lieu le 12 mai. De quoi déstabiliser encore davantage la Maison ronde, déjà ébranlée par le projet de loi sur la fusion de l’audiovisuel public et les suppressions de programmes relatifs aux luttes sociales ou la refonte des programmes sur l’environnement comme Terre au carré.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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