S’il fallait illustrer les limites du modèle de gouvernance du sport en France, l’exemple de la Fédération française d’escrime (FFE) pourrait constituer un cas d’école. Le président élu en 2020, Bruno Gares, a dû démissionner après trois ans de mandat, laissant en héritage, à moins d’un an des Jeux Olympiques de Paris, une institution en pleine dépression nerveuse, minée par les querelles de peuples et de chapelles et en proie à dérive financière.
Miraculeusement, les résultats des escrimeurs français aux Jeux Olympiques ne semblent pas s’en ressentir, ou seulement de façon marginale : avec sept médailles, mais un seul titre, l’escrime est à la hauteur de son statut ; qui est le premier sport à offrir des podiums olympiques à la France. « Nous avons bien faitrésumé Rémy Delhomme, ancien membre de l’équipe de France d’épée. De ces quatre dernières années, je retiens beaucoup de désorganisation, d’excès… C’est dommage de donner une telle image de notre sport. Les Jeux ont permis de redorer cette image à la dernière minute. »
Rémy Delhomme est aujourd’hui candidat à la présidence de la FFE, face à un seul adversaire, Timothé Boudhil ; la sortante, Brigitte Saint-Bonnet, élue en 2023 suite à la démission de Bruno Gares, n’ayant pas souhaité se présenter. Le vote des clubs aura lieu mercredi 9 octobre, pour la première fois par voie électronique, et ses résultats seront entérinés lors d’une assemblée générale convoquée vendredi.
« Un petit sport, mais avec énormément de choses »
Les deux hommes s’accordent sur au moins un point : la nécessité de tourner la page et d’apporter stabilité et sérénité au bâtiment fédéral. Pour y parvenir, Rémy Delhomme met en avant » COMPÉTENCES « qu’il a rassemblé autour de lui, où Timothé Boudhil préfère évoquer le « idées » qu’il défend. Si rien de fondamental ne semble les opposer, ils présentent des profils et des approches différents.
Rémy Delhomme, 56 ans, est un ancien escrimeur de haut niveau, qui a ensuite fait carrière d’ingénieur chez EDF tout en travaillant également comme maître d’armes : il entraîne en club la vice-championne olympique d’épée Auriane Mallo. Breton, qui est sur sa liste. Sa candidature à la présidence de la FFE n’a surpris personne, puisqu’il était engagé depuis trois ans dans un collectif d’opposants à l’équipe sortante, baptisé « L’escrime, un avenir partagé ».
Timothé Boudhil sait qu’il ne bénéficie pas de la même notoriété que son adversaire. Il a donc entrepris un tour de France de vingt-huit jours à bord d’un minibus pour se faire connaître auprès des dirigeants des clubs qui forment le corps électoral. A 31 ans, il apparaît comme un homme nouveau, même s’il préside depuis quatre ans le club d’escrime de l’Université de Strasbourg et, depuis deux ans, la commission épée féminine de la FFE.
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