après plusieurs accidents mortels, Citroën et DS Automobiles mis en cause
Ce matin du 16 mai 2023, Tristan Guérin avance lentement dans les embouteillages du Gosier, en Guadeloupe. Il est dans sa Citroën C3, achetée chez un voisin récemment. Elle est bien entretenue et a passé le contrôle technique sans problème il y a un mois. La voiture devant lui freine, Tristan Guérin ne s’en aperçoit pas. Le choc est léger à cette vitesse, mais la collision déclenche les airbags. Le sac gonflable explose au visage du Guadeloupéen. Un morceau de métal lui traverse l’œil et se loge dans son cerveau, selon l’enquête judiciaire. Le jeune homme de 26 ans est décédé sur le coup.
Cela fait plusieurs années que les marques Citroën et DS Automobiles – séparées depuis 2014 –, appartenant au groupe Stellantis, ont lancé une campagne de rappel en outre-mer, passée relativement inaperçue. Depuis un mois, cette campagne plus médiatisée concerne également la France métropolitaine. « Citroën vous demande d’arrêter immédiatement de rouler avec votre véhicule » en raison des airbags qui peuvent « causer des blessures graves, voire la mort »indique la lettre recommandée envoyée début mai à plus de 180 000 propriétaires métropolitains de C3 et 65 000 de DS3, produites entre 2009 et 2019.
Selon l’avis du site Rappel Conso, le problème est lié à une détérioration du gaz des airbags de la marque japonaise Takata, notamment à cause de la chaleur et de l’humidité. C’est aussi pourquoi, après l’outre-mer, seul le sud du pays, depuis « d’une ligne Clermont-Ferrand – Lyon »est concerné par le rappel du véhicule.
L’affaire de Des « airbags tueurs », comme le décrit Bruno Guérin, père de Tristan, dans une pétition en ligne, n’est pourtant pas nouveau. En 2017, Takata a déposé le bilan après un scandale mondial majeur, notamment aux États-Unis. Plusieurs constructeurs comme Audi, Nissan, BMW ont également lancé ces dernières années des campagnes de rappel de leurs véhicules à travers le monde. « Citroën sait depuis plusieurs années que le problème existe. Si nous Si nous avions tiré les leçons du premier accident, il n’y en aurait pas eu d’autres. »regrette Charles-Henri Coppet, avocat de plusieurs victimes ou proches de victimes, dont la famille de Tristan Guérin.
L’enquête suggère dans un premier temps un décès par balle
Lors d’une conférence commune en juin 2023, les procureurs de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre ont évoqué onze accidents en Guadeloupe potentiellement liés aux airbags Takata, dont quatre mortels, depuis 2018. « Une information judiciaire est ouverte pour blessures et homicide involontaire avec cinq victimes (cinq accidents) qui pourraient être liés à des explosions d’airbags Citroën »confirme à Monde Caroline Calbo, procureure au tribunal de Pointe-à-Pitre.
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