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Après les performances historiques de Pogacar et Vingegaard, y a-t-il un doute ?

Jusqu’à dimanche, le Tour de France vivait quasiment dans sa quiétude estivale. Si les étapes de Valloire et du Lioran avaient bien réveillé quelques voix promptes à jeter le voile du dopage sur la Grande Boucle, aucune performance n’avait vraiment été de nature à inquiéter la grande caravane de juillet. L’étape du Plateau de Beille dimanche 14 juillet, avec un numéro exceptionnel de Tadej Pogacar, qui avait terminé la montée 3’30 » plus vite que Marco Pantani en 1998 (mais il n’est pas le seul), a fait chavirer le Tour dans un doute récurrent et une suspicion prononcée.

A l’image du Col du Granon en 2022 et du contre-la-montre de Combloux en 2023, le Plateau de Beille a été le tournant de cette édition. Aucune preuve de dopage n’a été mise en lumière et les coureurs se sont justifiés avec des arguments pragmatiques. Mais est-il pour autant permis de douter ?

En prenant la température dans le peloton dans les jours qui ont suivi, l’ambiance était surtout à l’étonnement. « C’est comme si on ne pratiquait pas le même sport »résume Tobias Johannessen (Uno-X). « JEJe ne peux même pas imaginer vivre une telle expérience, c’est un autre monde, une autre planète, et c’est comme ça. Je suis réaliste, je sais ce que je peux faire, et je sais que je n’y arriverai jamais.ajoute Bruno Armirail (Decathlon-AG2R La Mondiale). « Je ne comprends plus rien au vélo, courage aux survivants pour les prochains jours »a écrit sur X l’ancien sprinteur français Nacer Bouhanni, retraité depuis décembre.

D’autres notent simplement que le niveau, l’équipe et la préparation de Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard, voire Remco Evenepoel, les placent au-dessus de la moyenne du peloton. « « Ils sont super forts, ils ont les meilleures équipes, ils ont tout à la pointe. Tout le monde prend exemple, au final. Ils sont les meilleurs et ils optimisent tout, donc c’est normal que ça bouge vite. »admet Jordan Jegat (TotalEnergies).

L’optimisation, c’est justement ce que Tadej Pogacar met en avant pour justifier ses performances jamais vues dans les Pyrénées. « Si je compare cette année à ma première année à la Vuelta (en 2019)« C’était presque de l’amateurisme. A l’époque, je pensais que tout était professionnel, mais depuis, on avance très vite car chaque équipe pousse pour plus de nutrition, de plans d’entraînement, de camps d’altitude »a assuré le Slovène au lendemain de son exploit.

Si elles ne suffisent pas à tout expliquer, certaines innovations ont indéniablement contribué à améliorer la vitesse, la récupération et donc les performances. À commencer par la préparation, peaufinée par des équipes aux budgets se chiffrant en dizaines de millions d’euros.

« La préparation passe par l’entraînement en hypoxie (altitude), la nutrition et l’équipement. Tout est optimisé par rapport à avant, donc on ne peut pas comparer ce qu’ils faisaient il y a vingt ou trente ans. »

Julien Jurdie, directeur sportif de Decathlon-AG2R La Mondiale

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Le matériel, alors. « Entre les pneus qui sont aéro, les vélos qui sont aéro, tout est optimisé à 110% »poursuit Julien Jurdie. « Les vélos sont beaucoup plus rapides, surtout les pneus. C’est là que se trouve la plus grande différence, avec la composition de nos cadres. »a estimé Tadej Pogacar lundi. « Le matériel est clairement supérieur à avant, mais c’est surtout sur le plat. Et dans les montées, c’est encore stratosphérique parfois », Jean-René Bernaudeau, manager de l’équipe TotalEnergies, a répondu.

Les routes, enfin, tandis que la surface du plateau de Beille était un billard qui avait été entièrement rénové très récemment. « On fait la même montée du plateau de Beille avec une route pas en bon état, on perd facilement 20 à 30 secondes »déclare Julien Jurdie.

Etape 15 : Tadej Pogacar s’envole
Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) attaque Jonas Vingegaard (Visma | Lease a Bike) à 5 kilomètres du sommet du Plateau de Beille. Le Danois tentera de limiter les dégâts au niveau du train.

Une enquête publiée le 12 juillet par le média indépendant Escape Collective avait accentué les soupçons, affirmant que trois équipes (UAE, Visma-Lease a bike et Israel-PremierTech) avaient accès à une machine qui permettait l’inhalation de monoxyde de carbone afin d’améliorer les performances des coureurs..

Mercredi, Tadej Pogacar a écarté les possibles conséquences d’un tel procédé. « C’est un appareil qui permet de tester la réaction de votre corps à l’altitude. Vous soufflez dans un ballon pendant une minute pour un test que vous devez faire toutes les deux semaines. Je n’ai fait que la première partie, car pour la deuxième partie, la fille qui devait le faire ne s’est jamais présentée. Ce n’est pas comme si on respirait ça tous les jours. »a défendu le maillot jaune.

Alimentation, équipement, routes : comment expliquer autant d’écarts alors que le 4e du classement général, Joao Almeida, pointe à près de 13 minutes, et le 10e, Santiago Buitrago, à plus de 18 minutes ? « Cela ne me concerne pas, Pogacar et Vingegaard sont deux phénomènes comme il y en a tous les dix, quinze ou vingt ans. Il ne faut pas se poser de questions, je connais le travail qu’ils font. C’est physiologique : on peut faire le même travail, on n’aura pas les mêmes résultats »admet Julien Jurdie.

« Dans d’autres sports, c’est la même chose : Johannes Boe, combien d’épreuves de biathlon a-t-il gagnées cet hiver ? Il bat tout le monde tous les week-ends et on ne se pose pas de questions. En F1, c’est toujours le même vainqueur, on n’a aucun doute sur Max Verstappen. »

Julien Jurdie, directeur sportif de Decathlon-AG2R La Mondiale

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Si le directeur sportif admet la supériorité d’une moto UAE ou Visma-Lease, pour lui c’est le budget qui crée cet écart. « Nous sommes comme UAE, Visma, on essaye d’optimiser tout. Après, il y a des moyens qui sont plus importants avec eux. Ils peuvent optimiser certaines choses que nous ne pouvons pas faire, mais il n’y a pas deux façons de préparer le Tour : on le prépare tous plus ou moins de la même manière. »il se souvient.

Interrogé jeudi matin, Jean-René Bernaudeau observer à distance les performances exceptionnelles des leaders de cette édition.Je suis très prudent. Ces gens qui viennent chercher la gloire, les résultats, l’argent, doivent être exemplaires. Je n’ai aucune preuve, mais je garde la lumière allumée », a-t-il ajouté. résume le manager emblématique de la formation TotalEnergies avec son sens de la formule.

Alors que le doute s’est à nouveau installé, parmi les suiveurs, mais aussi dans le public, le spectre annuel du dopage refait surface et plane sur le Tour. Au point de ternir une image pourtant revigorée par un spectacle très offensant ? « Le public se fait sa propre opinion, et c’est le plus grand tribunal. Souvenez-vous de Michael Rasmussen : le sponsor lui a demandé de quitter le Tour de France avec le maillot jaune. (en 2007)« Ceux qui font de bonnes performances doivent être transparents et donner des réponses crédibles. »poursuit Jean-René Bernaudeau.

« On parle beaucoup d’argent, ça me choque un peu. L’argent vient naturellement quand le sport est attractif et crédible. Et il n’est pas encore assez crédible à mon avis. »

Jean-René Bernaudeau, directeur de TotalEnergies

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Pour dissiper ce doute récurrent, vestige du passé qui colle au cyclisme comme un sparadrap inamovible, le manager vendéen veut allouer davantage de moyens au traçage antidopage. « Il y a des scientifiques tordus qui sont capables d’être limitece sont eux qu’il faut traquer. Les gouvernements et tous les politiciens doivent comprendre qu’il faut donner les moyens à l’AMA (Agence mondiale antidopage) aller faire des recherches, installer des radars et ne jamais dire où ils sont placés.

S’il est extrêmement dangereux d’accuser sans preuve des coureurs qui sont pour l’instant au-dessus de tout soupçon avéré, il est sans doute sain de douter, en considérant simplement le passé du cyclisme, mais sans condamner immédiatement son avenir. « Emmanuel Kant a dit cette phrase : ‘Le plus grand tribunal que l’homme ait au plus profond de lui-même, c’est sa conscience.’ Ces gens doivent avoir leur conscience. Je veux qu’ils soient irréprochables et qu’ils ne volent pas la gloire, les résultats et l’argent. L’avenir nous le dira. »conclut Jean-René Bernaudeau.

Cammile Bussière

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