Emmanuel Macron voudrait prolonger le plaisir. Les JO de Paris sont officiellement terminés depuis dimanche soir, mais le chef de l’Etat entend insuffler cette semaine un nouveau souffle à l’esprit de concorde et d’unité qui a régné dans le pays pendant la quinzaine olympique. Les Jeux ont montré « le vrai visage de la France », a assuré le chef de l’Etat lundi lors de la réception, dans les jardins de l’Elysée, de plusieurs centaines de professionnels mobilisés lors de cet événement. « Un succès en termes de sécurité, d’organisation, une réussite sportive et populaire », s’est-il félicité.
« Nous qui vivons depuis plus de deux semaines dans un pays où l’on sentait que l’air était plus léger (…) nous ne voulons pas que la vie reprenne ses droits », a reconnu Emmanuel Macron. Les négociations politiques pour la nomination d’un nouveau Premier ministre doivent néanmoins reprendre maintenant que la « trêve » des Jeux est terminée. Sans certitude qu’elles aboutiront rapidement.
L’exemple des Jeux
Le chef de l’Etat a rappelé lundi aux parties l’exemple donné par tous ceux qui ont participé à la réussite de l’organisation des Jeux olympiques. « C’est la démonstration que la France, quand elle se rassemble, sait faire de grandes choses », a-t-il souligné dans un entretien à « L’Equipe ». « Il ne faut pas écouter les Cassandre. Tous ceux qui vous disent que les divisions sont plus importantes… », a-t-il insisté, dans une allusion à la stratégie de La France insoumise et plus généralement au Nouveau Front populaire. « Quand on a des objectifs communs, quand on travaille ensemble, rien n’est insurmontable ».
Depuis le second tour des législatives anticipées et l’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron exhorte les forces politiques à former une large coalition pour gouverner le pays. Lors de ce scrutin, « le message que les Français ont envoyé est très cohérent avec les Jeux : travailler ensemble. C’est ce qu’ils ont dit aux forces politiques », a-t-il déclaré dans cet entretien.
La lettre de Castets
Emmanuel Macron semble prêt à laisser le temps aux partis de parvenir à ce large accord qu’il appelle de ses vœux. Ce qui retarderait la formation de la nouvelle équipe ministérielle. « Une coalition ne se forme pas en quelques jours », a reconnu lundi sur Sud Radio la porte-parole du gouvernement sortant, Prisca Thevenot, jugeant que les partis en question « ont besoin de ce temps (…) pour pouvoir faire fonctionner nos institutions ».
En réalité, la situation semble toujours aussi bloquée. Le Nouveau Front populaire réclame plus que jamais Matignon. Une hypothèse qu’Emmanuel Macron a totalement écartée avant les JO. Dans une lettre aux députés et sénateurs des « groupes républicains », sa candidate au poste de Premier ministre, Lucie Castets, a énuméré lundi ses « cinq grandes priorités », au premier rang desquelles figurent « le pouvoir d’achat et la justice sociale », avec notamment la hausse du Smic et l’abrogation de la réforme des retraites.
L’impatience des Français
Emmanuel Macron espère que la séquence olympique, l’impatience des Français et les impératifs institutionnels pousseront les partis à sortir de ces postures et à trouver un terrain d’entente. Mais rien n’est moins sûr. Les nombreux partis politiques préparent leur rentrée à la fin du mois.
Cela se fera, comme chaque année, en ordre dispersé à gauche à partir du 22 août avec les universités d’été des écologistes et des Insoumis. Ce qui ne veut pas dire que le Nouveau Front populaire est sur le point d’exploser comme le rêverait l’Elysée. Même si tous les dirigeants politiques ont déjà en ligne de mire la prochaine élection présidentielle et la succession d’Emmanuel Macron, et joueront à cette occasion leur propre partition.