Après les incendies, Athènes fait face aux conséquences de la déforestation
Athènes fait face à une augmentation de 50% des incendies par rapport à 2023 et 10 000 hectares de forêt ont été ravagés par les flammes. Problèmes de crues soudaines et d’érosion des sols, régénération des forêts… la Grèce doit désormais se préparer à l’hiver.
Près d’Athènes, une odeur de fumée persiste deux semaines après le pire incendie de forêt de l’été en Grèce, alors que les experts alertent sur la pollution et les inondations qui menacent désormais la capitale. Plus d’un tiers des 10 millions d’habitants du pays méditerranéen vivent dans la région de l’Attique, qui entoure Athènes et dont une partie (environ 10 000 hectares) a été ravagée par les flammes à la mi-août. Il a fallu trois jours à des centaines de pompiers pour maîtriser l’incendie, qui a débuté à seulement 40 kilomètres au nord-est d’Athènes, et s’est ensuite propagé au mont Pentéli et aux banlieues de la capitale, forçant des milliers de personnes à évacuer.
Dans tout le pays, le bilan annuel des incendies continue d’augmenter, avec une augmentation de 50 % des incendies depuis mai par rapport à la même période en 2023, selon le gouvernement. Selon l’Observatoire national d’Athènes, 37 % des forêts autour de la capitale ont été ravagées par les flammes au cours des huit dernières années. Pourtant, elles constituaient la « poumon vert » d’une capitale densément peuplée et excessivement bétonnée.
« L’Attique a perdu la plupart de ses forêts et il existe désormais un danger imminent pour les habitants en termes d’environnement pollué et de risque d’inondation » à cause de l’érosion des sols, déplore Alexandros Dimitrakopoulos, professeur de science des incendies de forêt à l’Université Aristote de Thessalonique. « Alors qu’il y a 100 ans les forêts de pins étaient vigoureuses, aujourd’hui la végétation forestière est constituée de pins rabougris (…) et d’arbustes »a-t-il déclaré à l’AFP.
Reforestation, création de jardins verts et prévention des incendies…
Pour l’hiver qui arrive, un réel danger se profile. « Je pense que nous serons confrontés à des problèmes d’inondations soudaines et d’érosion des sols »« La disparition d’une partie des forêts fait aussi grimper le thermomètre estival, qui voit déjà rouge », souligne le météorologue Théodore Giannaros, de l’Observatoire national d’Athènes. « La disparition d’une partie des forêts fait aussi grimper le thermomètre estival, qui voit déjà rouge », selon Dimitrakopoulos. La Grèce, habituée aux vagues de chaleur, a subi cette année les mois de juin et juillet les plus chauds jamais enregistrés. « L’Attique ne peut plus perdre de forêts (…) Il faut trouver une solution »prévient Dimitris Kazanis, expert en écologie du feu. « Dans une région où il y a tant de ciment, tant de routes, tant de bruit, nous avons besoin de forêts »assure ce professeur de l’Université nationale d’Athènes.
Les incendies fréquents ont également un impact sur la capacité de régénération de la forêt. L’incendie près d’Athènes a touché une zone couverte de pins d’Alep, une espèce qui a évolué pour résister au feu, mais qui a besoin d’au moins 15 à 20 ans entre les incendies pour se régénérer naturellement. « La zone dévastée a connu de nombreux incendies dans le passé, certains à des intervalles très rapprochés »explique Margarita Arianoutsou, professeur d’écologie à l’Université d’Athènes. « Il y a (maintenant) des zones qui ont été brûlées à plusieurs reprises et qui ont besoin de notre intervention pour être restaurées »elle ajoute.
Sous pression pour agir face à ces incendies qui se répètent d’été en été, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a dévoilé des mesures comme la reforestation, la création de jardins verts et des études sur la prévention des incendies. Certains appellent à planter de nouveaux types d’arbres car les pins brûlent très vite en raison de leur résine naturellement inflammable.
La solution de la forêt mixte
Une solution serait de créer une forêt mixte plus résiliente et de créer des ceintures vertes, affirment les experts. Ils pointent du doigt l’empiétement des zones urbaines sur les terres forestières. « Là où les arbres brûlent, les maisons poussent »Dimitrakopoulos souligne. Dans le passé, « Il était très courant dans les zones où la pression humaine pour la construction est extrêmement forte, comme à Athènes, de brûler des forêts pour créer des terrains constructibles. »il se souvient.
Mais le développement des zones suburbaines accroît la fréquence des incendies, la plupart d’entre eux étant d’origine humaine, qu’ils soient volontaires ou non. Les enquêteurs pensent qu’un poteau électrique défectueux pourrait être à l’origine de l’incendie de la mi-août. « Là où il y a des gens, là où il y a une économie humaine, il y a du feu pour la forêt »conclut Dimitrakopoulos.