L’Assemblée nationale a adopté mercredi 15 mai, par 351 voix contre 153, le projet de loi constitutionnelle élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Ce même projet qui, à Nouméa, a provoqué la colère au point de balayer la cause des indépendantistes kanak dans un déferlement de violences urbaines extrêmes.
Le texte prévoit d’ouvrir le vote aux prochaines élections provinciales à tous les citoyens résidant en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans, soit 25 000 électeurs supplémentaires. Les loyalistes l’exigent. Mais les indépendantistes kanak réclament son retrait. Pour eux, seules les dispositions actuelles, qui ont gelé le corps électoral des autochtones et résidents arrivés avant l’accord de décolonisation de Nouméa de 1998, pourront les protéger contre « recolonisation ».
Le gouvernement a promis que si les deux camps s’accordent sur un nouveau statut du territoire définissant la citoyenneté calédonienne, il suspendrait son texte au profit d’un consensus local. Une promesse réitérée par Emmanuel Macron dans une lettre envoyée, après le vote, aux représentants calédoniens. Mais « à défaut de cet accord, que je ne cesse de réclamer, et qui est souhaitable à tous égards pour les Calédoniens, le Congrès se réunirait avant fin juin »prévient le chef de l’Etat dans sa missive.
Malgré les enjeux, à l’Assemblée nationale, les débats interminables ont suivi le jeu de société. Pendant que Nouméa brûlait, les invectives volaient dans l’hémicycle, avec une majorité préoccupée de s’en prendre à La France insoumise (LFI), une opposition travestissant son respectable combat anticolonial en obstruction, et sur le banc, un ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, lance à tous des leçons de démocratie. « On ne donne pas une très bonne image de soi, c’est dommage sur un tel thème »s’est agacée la présidente, Yaël Braun-Pivet, après un échange animé sur la décolonisation.
Avec tous les arguments, tous les mots, cent fois, Bastien Lachaud (LFI), Arthur Delaporte (Parti socialiste), Tematai Le Gayic (Gauche démocrate et républicaine) et Sabrina Sebaihi (Europe Ecologie-Les Verts) ont réclamé le retrait du texte qui opposait les indépendantistes à lui. Au-delà, une large majorité réclame un « mission de dialogue », qui pourrait, dans les prochains jours, revenir à une personnalité (le nom de Lionel Jospin est évoqué), sous l’impulsion des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le Premier ministre Gabriel Attal a demandé à Matignon de se charger du dossier, a promis « le dialogue ».
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