Sur Telegram, les chaînes pro-guerre russes continuent de décortiquer les dernières informations sur Pavel Dourov. Depuis que le fondateur et patron de la plateforme de messagerie la plus utilisée en Russie, notamment dans les milieux de la défense, a été arrêté samedi 24 août au soir à Paris, les vrais-faux experts militaires et « correspondants de guerre » n’ont cessé de le défendre. Les uns après les autres, ils ont appelé à sa libération, relayés par les sites de vente de tee-shirts « #freedurov » et a publié une photo d’un obus qui, portant son nom en lettres noires, était clairement destiné à l’ennemi à l’Ouest.
Le lundi 26 août, ces chaînes « Z », lettre symbolisant le soutien à « l’opération militaire spéciale » La presse du Kremlin en Ukraine, certes, a dû se concentrer sur l’actualité du jour, les attaques russes massives à travers le pays voisin. Mais les déclarations depuis Paris dans la soirée de la procureure de la République, Laure Beccuau, ont vite remis le Telegram pro-guerre en émoi : «Durov accusé de 12 crimes»rapidement intitulé Operation Z, une chaîne de « Volontaires et correspondants du « Printemps russe » ». Une façon radicale de présenter la déclaration du procureur : Pavel Durov, dont la garde à vue a été prolongée jusqu’à mercredi 28 août, est soupçonné d’avoir « blanchiment de crimes ou de délits en bande organisée » mais aussi de « refus de communiquer, sur demande des autorités compétentes, les renseignements ou documents nécessaires à la réalisation et à l’exploitation des interceptions autorisées par la loi ».
Indépendamment des soupçons qui pèsent sur le milliardaire franco-russe de 39 ans en France et ailleurs dans le monde, les réseaux russes bouillonnent de rumeurs. Paris agirait sur ordre de Washington en vue de l’élection présidentielle américaine de novembre, afin de mettre sous contrôle Telegram, populaire outre-Atlantique ; Paris s’inquiéterait des liens de Pavel Dourov avec l’Azerbaïdjan, où il venait de passer quelques jours et où, selon une rumeur démentie par le Kremlin, il aurait même rencontré le président russe, Vladimir Poutine ; Paris aurait de véritables griefs personnels contre le fondateur de Telegram. Quelle que soit la version, la conclusion reste la même : « La liberté d’expression est réprimée en Europe. » « Nous vivons dans un monde où les idées de George Orwell ont complètement triomphé »regrette Boris Rojine, sur Colonelcassad, l’une des chaînes militaires les plus populaires sur Telegram.
De son côté, Vladimir Poutine n’a fait aucun commentaire public. Mais son porte-parole, Dmitri Peskov, a donné le ton. En manque manifeste d’informations de la part de Paris, le Kremlin a cherché l’apaisement. « Nous ne savons pas précisément de quoi est accusé Durov. Avant de dire quoi que ce soit, nous devons attendre que la situation soit plus claire. » (…). Sans cela, il serait probablement inapproprié de faire quelque déclaration que ce soit.M. Peskov a tempéré ses propos. Du coup, les télévisions et médias pro-Kremlin se sont montrés moins agressifs dans leur couverture de l’actualité concernant Dourov, lundi 26 août. Mais, coïncidence ? Annoncée le même jour, l’ouverture du procès du Français Laurent Vinatier, collaborateur d’une ONG suisse, arrêté début juin en Russie pour ne pas s’être déclaré « agent étranger »était prévu pour le 3 septembre.
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