Après l’annonce de la dissolution, Emmanuel Macron arrive affaibli à une série de rendez-vous internationaux
Comme si de rien n’était, malgré le séisme politique. Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron s’est rendu à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), comme prévu depuis longtemps avant la débâcle du camp présidentiel aux élections européennes. Dans ce village martyrisé par la Seconde Guerre mondiale, où 643 habitants furent assassinés par les nazis il y a quatre-vingts ans, le chef de l’Etat a rencontré, lundi 10 juin, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui l’avait accueilli en visite d’État. dans son pays fin mai. Les deux hommes n’ont fait aucun commentaire sur la situation intérieure française, malgré l’onde de choc que suscite à l’étranger le choix de la dissolution. Et l’impact forcément négatif de cette décision sur l’influence du chef de l’Etat sur la scène internationale, notamment en cas de victoire du Rassemblement national (RN) lors des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
Ce revers est d’autant plus retentissant qu’Emmanuel Macron a joué à fond la carte européenne et internationale dans les derniers jours de campagne. Après son voyage en Allemagne, où il n’a pas hésité à mettre en garde contre « mauvais vent » souffle sur une Europe « mortel »pour alerter de la montée des extrêmes, le locataire de l’Elysée a accueilli en Normandie les chefs d’État et de gouvernement invités au 80e anniversaire du Débarquement.
Les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, et américain, Joe Biden, ont même été reçus immédiatement à Paris, afin d’asseoir davantage le leadership européen que revendiquait jusqu’ici le chef de l’Etat. Une séquence mémorielle riche en discours qui n’a visiblement pas réussi à influencer les choix des électeurs.
Dès cette semaine, le dernier pari du président français menace de peser sur son influence lors de ses engagements internationaux, notamment lors du sommet des dirigeants du G7, dans les Pouilles, en Italie, du 13 au 15 juin. Pour ne rien arranger, M. Macron sera reçu là par l’une des grandes gagnantes des élections européennes, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, figure incontournable de l’extrême droite continentale, au point d’être devenue une sorte de référence pour Marine Le Pen et ses troupes, malgré leurs désaccords, notamment sur l’Ukraine et la Russie.
Embarras au Quai d’Orsay
Si elle n’est pas remise en cause, la participation de M. Macron au sommet de la paix organisé par Kiev et la diplomatie suisse, le 15 juin près de Lucerne, devrait être rapide, au retour du sommet italien du G7. Le chef de l’Etat honorera également ses rendez-vous à Bruxelles, notamment le dîner du 17 juin avec les Vingt-Sept afin d’évoquer l’impact des résultats du scrutin européen sur le choix des prochains dirigeants des instances communautaires, présidents de la Commission et du Conseil européen et haut représentant de l’UE. Après un nouveau Conseil européen, les 27 et 28 juin, il devrait cependant renoncer à un voyage au Maroc début juillet, censé avoir lieu quelques jours avant le second tour des élections législatives.
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