FRED TANNEAU / AFP
Les organisateurs du festival « Vieilles Charrues » dénoncent les décisions prises par la mairie.
FESTIVAL – C’est peut-être la fin d’un rendez-vous sacré pour les festivaliers. L’édition 2024 de « Vieilles charrues « , le plus grand festival de musique en plein air de France, pourrait-il être le dernier ? C’est ce que craignent les organisateurs suite aux récentes décisions de la mairie de Carhaix (Finistère).
« Si rien ne change d’ici cet été, l’édition 2024 des Vieilles Charrues pourrait bien être la dernière »indique dans un communiqué l’association à la tête du festival dont la 32e édition se tiendra du 11 au 14 juillet, avec, parmi les têtes d’affiche, Sting, PJ Harvey, Simple Minds et Gossip.
« Ce ne sont plus des menaces qui pèsent sur le festival, mais des choix faits en connaissance de cause »accuse l’association selon laquelle « les récentes décisions de la commune de Carhaix et de Poher Communauté condamnent l’avenir des Vieilles Charrues ».
Parmi les décisions que reprochent les organisateurs aux élus locaux figurent une réduction de la superficie des campings pour festivaliers, nécessitant un déménagement partiel, une préemption de dernière minute par la municipalité de locaux pour lesquels l’association avait signé un accord. compromis de vente avec le vendeur, voire « un nouvel impôt de 367 000 euros envoyé le 12 avril” dernier.
Une bataille de longue date entre la mairie et les organisateurs
Pour le maire de Carhaix et président de la communauté Poher, Christian Troadec (divers gauche, régionaliste), la gestion et la présidence du festival « faire de la politique et faire du chantage ». « S’ils veulent se présenter à la mairie de Carhaix en 2026, qu’ils le fassent et les citoyens décideront », a-t-il déclaré ce mardi 23 avril à l’AFP. Aujourd’hui, « ils organisent du chantage sur des faits anticipés et signés avec eux »assure l’élu, selon lequel les organisateurs « depuis 2013, nous visons le gigantisme » et serait « dans une sorte de productivisme culturel ».
Christian Troadec, l’un des fondateurs du festival, rappelle qu’en 2019, avant les précédentes élections municipales, les organisateurs actuels avaient déjà exprimé la possibilité de déplacer le festival hors de Carhaix, dans une autre ville du centre Bretagne. « De manière générale, personne n’apprécie le chantage comme arme de négociation en période électorale »», avait alors déclaré à l’AFP le maire, réélu en mars 2020 au premier tour pour un quatrième mandat dans cette commune de 8 000 habitants.
Hors période de Covid, le nombre de festivaliers n’a cessé d’augmenter au fil des années pour atteindre, en 2023, le chiffre record de 346 000 entrées. « Ils ont perdu l’esprit de la fête »considère l’élu, assurant : « il n’y a plus personne de l’équipe d’origine sur le plateau. Ils ont vidé.
Un festival ancré dans la région
Selon les organisateurs qui citent une étude de 2019, les retombées économiques du festival s’élèvent à 18 millions d’euros, dont 5 millions pour Carhaix et sa région. Alors que bon nombre de grands festivals sont aujourd’hui aux mains de producteurs privés, les Vieilles Charrues continuent de s’appuyer sur un vivier de 7 000 bénévoles du territoire issus d’environ 130 associations.
«Nous saluons l’impact culturel et médiatique des Vieilles Charrues»résume Christian Troadec, « mais nous ne voulons pas que cela se fasse au détriment des autres projets de développement économique de Carhaix et Poher, ni au prix d’une privatisation à leur seul bénéfice du site de Kerampuilh »cette grande prairie où se déroule la fête et où les élus ont des projets.
« Nous sommes toujours et plus que jamais viscéralement attachés à Carhaix et à ses habitants », disent de leur côté les organisateurs. « On n’imagine pas la fin des Vieilles Charrues : nous appelons désormais les élus du centre breton à sauver le festival ».
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