POLITIQUE – En politique, tout est affaire de pédagogie. Au lendemain d’une élection américaine sous haute tension, Emmanuel Macron est revenu à sa manière sur les conséquences géopolitiques de l’élection de Donald Trump. Pour le président français, cela ne fait aucun doute : l’Europe doit s’affirmer sur la scène internationale. Guerre en Ukraine, bombardements à Gaza, velléités russes… Pas question pour le Vieux continent de céder.
« Nous devons assumer la protection de nos démocratiesa-t-il rappelé lors d’un voyage en Hongrie, accompagné du Premier ministre ultraconservateur Viktor Orbán. Si nous devenons le théâtre d’une propagande extérieure, parce que nous sommes naïfs, les démocraties libérales seront balayées. ». Pour illustrer cet affrontement entre une Europe aux intentions louables mais impuissantes, et des puissances prêtes à tout pour étendre leur influence, Emmanuel Macron a eu recours à une formule quelque peu surprenante.
Métaphore animale
« Le monde est composé d’herbivores et de carnivores. Si nous décidons de rester herbivores, les carnivores gagneront. Ce ne serait pas mal d’être omnivores. Je ne veux pas être agressif, je veux juste que les gens sachent comment se défendre. » il a illustré, invoquant une métaphore animale. Des Européens repeints en herbivores, inoffensifs et sans doute trop naïfs, avalés tout entiers par les carnivores ? Le chef de l’Etat ne veut pas d’un tel scénario, où à terme, l’Europe serait « dévorer ».
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, mais aussi la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine et l’instabilité au Moyen-Orient créent une situation d’incertitude et laissent présager le pire. Mais pour Emmanuel Macron, aucune de ces questions n’est insurmontable. Il appelle les habitants des États membres à « prendre conscience de ce qu’est l’Europe : une puissance géopolitique sans égal ». Tout en regrettant que nous «ne pas s’affirmer comme une puissance pleinement indépendante» et qu’une partie de notre sécurité notamment soit déléguée aux États-Unis, à travers l’OTAN.
« OSS 117 est jaloux »
Durant la campagne, Donald Trump a martelé sa stratégie isolationniste et menacé de quitter l’Alliance atlantique si tous ses membres n’augmentaient pas leurs contributions. De quoi craindre le pire pour l’avenir de l’Otan, qui repose depuis sa création en 1949 sur un principe de solidarité entre États. « Il faut être lucide, ambitieux, déterminé »a souligné Emmanuel Macron.
Quoi qu’il en soit, cet appel à commencer par convoquer le « carnivores » et le « herbivores » n’est en tout cas pas passé inaperçu. « OSS 117 est jaloux de cette réplique »» s’est moqué le député Aymeric Caron, lorsque son collègue des Insoumis Arnaud Saint-Martin a demandé sans détour : « Quelle herbe a-t-il fumée ? » « .
Voir aussi sur Le HuffPost :