Après une surchauffe, l’économie russe va-t-elle s’essouffler ? Le produit intérieur brut (PIB) russe a augmenté de 4% sur un an au deuxième trimestre 2024, a annoncé vendredi l’agence nationale des statistiques Rosstat. Un chiffre en baisse par rapport au premier trimestre (+5,4%), mais cette croissance significative permet à Vladimir Poutine de rappeler que l’économie russe n’est toujours pas à genoux malgré les sanctions occidentales.
L’effort militaire étant le principal moteur de l’économie depuis l’assaut contre l’Ukraine en 2022, le budget de défense et de sécurité dans son ensemble s’élève à environ 8,7 % du PIB en 2024. De quoi, en l’état actuel des choses, anticiper une hausse de 3,2 % du PIB pour 2024, selon le FMI.
Spirale inflationniste
Mais tirée d’un côté par la forte hausse des commandes militaires pour soutenir l’assaut en Ukraine, de l’autre par les importantes primes versées aux soldats et à leurs familles, cette croissance alimente depuis de nombreux mois une spirale inflationniste qui inquiète les autorités. En juillet, la hausse des prix a atteint 9,13% sur un an, selon Rosstat, réduisant encore le pouvoir d’achat des Russes, déjà impacté par les sanctions. Il s’agit aussi du niveau le plus élevé depuis février 2023, loin de l’objectif de 4%.
Pour contrer les risques de stagflation alors que la croissance des prix continue de s’accélérer, la banque centrale a relevé le mois dernier son taux directeur de 200 points de base à 18%, le niveau le plus élevé depuis les premières semaines de la guerre. « La surchauffe de l’économie reste considérable », estime l’institution dans son communiqué.
« Les réserves de main d’œuvre et les capacités de production sont quasiment épuisées », a déclaré la gouverneure de la Banque de Russie, Elvira Nabiullina. En effet, les pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs, provoquées par le départ des hommes au front et l’exil à l’étranger de centaines de milliers d’autres, notamment pour fuir la mobilisation annoncée pour l’automne 2022, continuent de peser sur la performance des entreprises.
Les autorités russes espèrent que les signes de ralentissement observés en juin et juillet indiquent un ralentissement de la demande intérieure, selon le compte-rendu de la dernière réunion de la Banque de Russie consacrée à la fixation des taux. L’activité économique en juin a montré des signes de ralentissement dans la plupart des secteurs, la croissance du secteur de la construction étant à son plus bas niveau pour cette période depuis 2020, selon le ministère de l’Économie.
« Les taux de croissance actuels du PIB continueront de ralentir sous l’influence des effets croissants des conditions monétaires strictes », a prévenu la Banque centrale russe, attendant les effets de son choc monétaire.