après la mort de quatre des leurs, le staff de L'Argentière en deuil
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après la mort de quatre des leurs, le staff de L’Argentière en deuil

après la mort de quatre des leurs, le staff de L’Argentière en deuil

Sur le fronton de L’Argentière, mardi 15 octobre 2024, deux mots, indiquant le « fermeture exceptionnelle » du restaurant. Derrière le bar, baigné dans le noir, un employé annule une commande de vin, qu’il justifie par « la catastrophe qui vient de s’abattre sur nous ». Par la porte entrouverte s’échappent les sanglots d’une mère, venue récupérer les affaires de son fils, décédé à l’âge de 25 ans.

« J’ai promis à Jérémy qu’il reprendrait le restaurant »

Quelques jours plus tôt, le 12 octobre, l’établissement Mellois perdait trois de ses salariés et un de ses fidèles clients dans un tragique accident de voiture, sur le périphérique de Celles-sur-Belle. Jérémy Duval, Lucas Favreau et Mathis Dalichampt étaient respectivement chef de cuisine, apprenti serveur et pâtissier. Les deux premiers habitaient Marcillé et Faye-sur-Ardin, tandis que le troisième était domicilié à Saint-Genest-d’Ambière, dans la Vienne. Le propriétaire de la Tesla, Michel Apercé, exerçait la profession d’expert-comptable à Niort. Réalisée cette semaine et couplée à une expertise automobile, l’autopsie des victimes doit permettre de déterminer les places de chaque personne dans le véhicule.

Dans cet accident, je n’ai pas perdu un employé, mais un enfant, un ami.

Daniel Mautret, gérant de L’Argentière, à propos de Jérémy Duval, décédé dans l’accident

« A la fin de leur service, ils sont allés faire un tour dans la Tesla de cet ami Michel, un habitué du restaurant »retrace Daniel Mautret. A la tête de l’établissement, il raconte avoir lui-même pris la route, trente minutes plus tard, inquiet de ne pas les voir revenir. « Sur le chemin, j’ai croisé une quinzaine de camions de pompiers et de police. Quand j’ai appris que la voiture en feu était une Tesla, j’ai compris. »

Fermée jusqu'au recrutement d'un nouveau chef, potentiellement en fin de semaine, L'Argentière reste fermée.

Fermée jusqu’au recrutement d’un nouveau chef, potentiellement en fin de semaine, L’Argentière reste fermée.
© (Photo cor. NR, Didier Darrigrand)

Trois jours plus tard, Daniel Mautret réunissait les onze membres de son équipe pour évoquer le drame et « Essaye de partir ». Car au-delà de la réouverture, conditionnée au recrutement d’un nouveau chef, c’est l’avenir de L’Argentière que le drame ébranle. « J’ai promis à Jérémy qu’il reprendrait le restaurant en janvier 2025, confie le sexagénaire, les yeux rouges. Je le connais depuis l’âge de 10 ans, il a fait son apprentissage ici avant d’être embauché comme chef en 2020”. Dans l’accident, « Je ne perds pas un salarié, mais un enfant, un ami ».

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« Avant d’être notre leader, Jérémy était quelqu’un qui prenait soin de nous, glisse un jeune homme en veste de sport bleue, qui a dans un premier temps refusé de témoigner, avant de changer d’avis. Personnellement, je ne me vois pas continuer sans lui. » « Je pense que ce que Jéjé aurait voulu, c’est qu’on continue ensemble »» s’oppose Chacha, 18 ans, suscitant quelques hochements de tête. Quoi qu’il arrive, décide Daniel Mautret, « nous ne sommes pas encore en mesure d’envisager une reprise pour le moment ».

L’ambiance est devenue pesante, mardi 15 octobre, dans les locaux de L’Argentière, où les salariés ont côtoyé plusieurs proches des victimes de l’accident.
© (Photo NR, Camille Montagnon)

«Nous étions très proches»

Entre les tables de L’Argentière, dressées bien que vides de monde, les employés discutent à voix basse. Et souvenez-vous des rires dans la cuisine, des après-midi à la piscine ou de leur promenade en bateau. Ils ont un mot pour chaque victime, dont Mathis, embauché il y a seulement deux semaines. « Il commençait tout juste à s’ouvrir, à se sentir à l’aise et à faire des blagues. » Quant à Lucas, « Il était vraiment le gars drôle qu’il pensait être »rapports Chacha.

A l’évocation de Lucas, âgé de 16 ans au moment du drame, les yeux d’Anthony s’écarquillent. « Nous étions très proches. » Le jeune homme ne peut s’empêcher de penser que sa vie aurait pu se terminer brutalement s’il avait travaillé ce jour-là : « Je suis passionné de voitures, comme les garçons. Si j’avais été là, c’est sûr que je serais monté avec eux. ».

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